No shape

Perfume Genius

par Jérôme Florio le 03/06/2017

Note: 10.0    
Morceaux qui Tuent
Just like love
Valley
Every night
Die 4 you


Bien que le quatrième disque de Perfume Genius s'intitule "No shape", c'est pourtant à un accomplissement formel que l'on assiste. Mike Hadreas a fait sa mue devant nous, il est devenu un brillant metteur en scène de lui-même (y compris à l'image) et de ses chansons, atteignant un point d'équilibre parfait entre représentation et expression.

"I'm here / How weird". On mesure le chemin parcouru depuis "Learning" (2010), disque de survie douloureux et bouleversant, jusqu'à l'affirmation de "Too bright" (2015) et enfin l'éclosion sur ce "No shape", disque difficile à synthétiser et pourtant d'une unité et d'une consistance éblouissantes.
Petit Prince à la vie abîmée, Hadreas et sa garde rapprochée – le producteur Blake Mills (Alabama Shakes,  John Legend), son compagnon et musicien Alan Wyffels auquel une chanson est directement adressée – enchaînent les prouesses de production. Nudité drapée de claviers, bizarre funk /RnB désossé, guitares sales, vaporeuses, infrabasses électro et à-plats de cordes suaves ou tendues à se rompre : la liste des douceurs s'étire trop longuement pour qu'on l'épuise en l'énumérant.

On qualifierait volontiers certaines chansons de prières si le mot n'était pas si connoté, en tout cas elles procurent un profond réconfort de part et d'autre du micro. D'autres sont plus heurtées, laissant entrevoir un côté autodestructeur. Bien que farouchement intime, l'univers de Perfume Genius sait accueillir beaucoup de voix (superbes harmonies, de Mike seul ou avec d'autres) dont celle agile et distante de Natalie Mering (Weyes Blood) sur un titre.

"No shape" est à la fois une célébration et une déclaration, qui se vit dans l'urgence et s'écoute avec un poignant sentiment de proximité, par-delà les expériences et les genres de tous ordres.




PERFUME GENIUS Die 4 you (Clip 2017)