Phonophani

Phonophani

par Hugo Catherine le 26/09/2006

Note: 7.0    

Petits bitoniaux par-ci, par-là, boucles enchevêtrées sur-accumulées - industrielles, électroniques, percussives -, les morceaux semblent suivre une logique commune et répétitive. "Phonophani" donne à entendre une matière sonore répétée à l'envi, en forme de latence prégnante. Le cyclisme exacerbé de l'album crée une sensation un peu claustrophobique ; nous cherchons souvent à fixer notre écoute subjective entre l'épreuve de l'ennui répétitif - l'album peine-t-il à se renouveler ? -, et l'idéal de la texture sonore uniformément cohérente - Phonophani ne parvient-il pas à nous charmer sans que rien ne se passe ?

Entre les influences robotiques ("No strangeclock") et les univers aquatiques ("I. F.A."), le plancton technoïde de Phonophani sonde les cris des sirènes au loin, sans pour autant snober les sonneries d'inspiration téléphonique. Ces associations sonores ne sont d'ailleurs pas sans rappeler l'album "Biomekano" du duo norvégien Information. Fuyantes, les compositions de Phonophani ont une dimension anesthésique certaine. L'album semble parfois en partie garder pour lui le secret de sa plénitude : limite ou vertu ?

Des bribes de guitares dissonantes s'accordent avec des voix tronquées et insaisissables. Quand certains, plongés dans un élan de tranquillité, y verront des mouettes virtuelles perdues à l'horizon, d'autres resteront de marbre face à cette proposition de voyage artificiel, voire insignifiant. Dans notre transe apaisante, ou endormie, nous regrettons que l'album ne se résume pas à une seule et unique piste tant la musique s'apparente ici à un coma. Le pousse-au-coma de Phonophani est plus à entendre qu'à écouter. Ecoutons donc notre propre endormissement pour mieux l'entendre.