Molly Malone

Renaud

par Francois Branchon le 20/12/2009

Note: 5.0    

Lorsqu'il s'est par le passé ramené (réduit ?) au statut de simple interprète, Renaud a toujours laissé dubitatif, et pas plus "Renaud cante el' Nord" - l'album de chansons traditionnelles du Nord chantées en ch'ti - que sa relecture de Brassens, n'avaient apporté quoi que ce soit à son aura d'artiste, sinon une note purement anecdotique, tant l'auteur prime sur l'interprète. Et quel auteur !
Avec ses textes aussi grinçants que tendres et ses opinions aussi justes qu'engagés, posés sur des mélodies souvent bien troussées, Renaud a acquis avec "Hexagone", "Banlieue rouge", "Chanson pour Pierrot" ou "P'tit voleur", avec  "Morgane de toi", "Miss Maggie" ou "Manu", un statut de frangin de gauche, aussi indispensable que complice dans le paysage musical français, et ce depuis... les années Giscard. Réconfortant. Amour.

Avec "Molly Malone" le voilà qui descend encore une marche, car si l'auteur s'efface - il s'agit à nouveau d'un album de reprises - c'est l'interprète qui disparait à son tour. Oui c'est triste à dire, mais chanter, Renaud n'en est même plus capable.

Certes, ces chansons d'un amoureux de l'Irlande (des airs traditionnels popularisés autrefois par les Chieftains ou les Dubliners pour les plus connus) sont adaptées en français et permettent en les actualisant d'aborder thèmes politiques et sociaux (famine, guerre, chômage, IRA).
Certes, l'album est bien produit et arrangé, par des "authentiques" (Pete Briquette et Thomas Davidson Noton, sur place à Dublin), mais l'écoute de "Molly Malone" est trop pénible, un chemin pavé de bribes de voix. Souffrance et tristesse.