Tatoo

Rory Gallagher

par Francois Branchon le 02/04/2012

Note: 9.5    
Morceaux qui Tuent
A million miles away
Cradle rock
Tatoo'd lady


Un jour de 1969 un journaliste demandait à Jimi Hendrix l'effet que ça faisait d'être considéré comme le plus grand guitariste du monde, "Va plutôt demander ça à Rory Gallagher mec !"...

Lorsque Rory Gallagher publie "Tatoo" en 1973, quatre autres albums l'ont déjà précédé depuis ses débuts sous son propre nom en 1971, sans mentionner les trois albums de son premier groupe Taste entre 68 et 70 (auxquels se réfère Hendrix). Mais surtout, l'homme ne se pose jamais, écumant les scènes en tournée perpétuelle, au point de se demander où et comment un type qui devrait être à bout de souffle et sur les rotules trouve le temps de composer de nouveaux titres, une question plus prégnante encore quand ils atteignent la qualité de ceux de "Tatoo".

Car enfin, "Tatoo'd lady" nom de Dieu ! Et "Cradle rock", et "A million miles away" ! Que des claques !! Considéré par les amoureux de Gallagher comme le plus abouti de ses albums en studio, "Tatoo" est en effet celui de ces hymnes gallagheriens, régulièrement repris sur scène ensuite. C'est aussi l'album des "réglages définitifs" avec son groupe, qui sonne à présent soudé, huilé, rôdé (les claviers de Lou Martin), swinguant et rockant, tout en aisance et confiance (la batterie de Rod de'Ath et la basse de Gerry McAvoy).

Au-dessus du lot, "Tattoo'd lady" et "Cradle rock" donc, illustrant cette aisance et complicité entre Gallagher et son groupe, mais Rory sait aussi muer en pur bluesman du Delta, guitare acoustique et harmonica ("20-20 vision"), ou en orfèvre de slide acoustique (pour l'intro de "Who's that comin'"), quant au morceau "A million miles away" il apporte la touche swamp, avec son orgue Hammond et le sax de Gallagher (en couche dub rajoutée)...

Gallagher c'est la musique "à l'ancienne" : une seule guitare, immuable, une Stratocaster 1961 élimée, écaillée, pas d'effets, pas de pédales, les aigus à fond, on change de micro pour les solos, et on joue avec ses potes, on fait rugir la rythmique avec le bassiste et le batteur, et on pousse la guitare, on la pousse, on la pousse jusqu'à ce qu'elle chante !

Pour une fois, un bonus track est intelligent, avec la réintégration de "Tucson, Arizona", reprise de Link Wray (compagnon d'écurie chez Polydor Uk en 1973, album "Be what you want to"), laissée pour compte à l'époque faute de place sur le vinyle. Une inattendue (mais moins léchée que l'originale) note hawaïenne, tout en bottleneck, pour apaiser la passion...



RORY GALLAGHER Tatoo'd lady (Live Montreux 1975)

RORY GALLAGHER A million miles away (Live 1974)