You're no dream

Soltero

par Jérôme Florio le 08/07/2008

Note: 8.8    


"You're no dream" pourrait bien être le rêve réalisé de Tim Howard : un cinquième disque au charme rêveur, discrètement mais sûrement addictif. Rien ici n'est asséné ni martelé : Howard semble prendre plaisir à se laisser bercer par son inspiration, sans avoir une idée précise de la destination – vu le talent du conducteur, on suit sans demander d'explications.

Le disque a été enregistré par Tim Howard seul, au contraire du précédent "Hell train" (2005). On a au début l'impression qu'il manque un instrument, par exemple l'orgue et la basse de Drag out blues" sont orphelines d'une batterie. Mais ce parti pris (ou cette contrainte) donne aux chansons une coloration très atmosphérique, et d'autant plus fureteuses : parfums inhabituels d'îles lointaines avec le court instrumental au marimba (?) "Fete du feu" (sic), ou le brumeux et percussif "Living in the Fish Islands". En milieu de parcours, "Along the wire" tranche par une rythmique électronique minimale, rehaussée par quelques notes de guitare : une sorte de transe pop (ça me fait penser à un passage de "The soft parade" des Doors…) sur laquelle Tim Howard, d'une voix grave et sourde, soliloque sur un motif de basse. Sans effort, Howard revient à la surface avec "Wedding ring" qui puise sa source dans les harmonies vocales des Beach Boys. "Necromancer", titre acoustique en picking, et la pop impeccable de "Sinkhole" (on entendrait presque les trompettes) mettent la touche finale à un tableau dont l'apparente modestie finit par faire une forte impression.

Quand on est petit, on a parfois des jeux superstitieux, comme celui de faire un vœu quand on aperçoit une voiture de couleur jaune : après avoir entendu "Lemon car", on souhaite croiser souvent d'autres disques aussi bons que "You're no dream".