This is

Stina Nordenstam

par Vincent Théval le 28/01/2002

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Keen yellow planet
Everyone else in the world


L'une des chansons les plus belles et obsédantes de l'année 2001 se trouve plage sept du cinquième album de Stina Nordenstam. Brett Anderson, leader de Suede, vient poser sa voix sur "Keen yellow planet", étrange ballade grésillante. Nos deux amis ne chantent pas ensemble mais l'un après l'autre. Stina Nordenstam ouvre les hostilités, sa voix sucrée survole une rythmique synthétique appuyée par une guitare électrique acérée. Un piano dissonant et une curieuse voix filtrée mille fois ajoutent une nécessaire touche amère. Quelques accords appuyés de piano mènent au refrain, pris en otage par Brett Anderson qui n'a jamais chanté aussi bien. Sa voix est posée, grave, claire, toujours hantée par le fantôme de Bowie mais sans ce maniérisme qui rebute parfois chez Suede. Anderson apparaît également sur "Trainsurfing", assez conforme à notre idée d'une collaboration rêvée entre Suede et Radiohead. De ces chansons affleurent des sentiments familiers : le frisson romantique de la solitude, l'émotion des vie rêvées, pas exactement la noirceur du précédent effort de Stina Nordenstam, habituée depuis ses débuts aux virages et détours. En vérité, "This is" est un disque étrange, mélange savant entre précision clinique et bidouillages sonores. L'affaire est emballée en trente et une minutes et onze chansons, onze mélodies de poche, riches et sucrées, tenues par une écriture et une production concises. Soit un minimalisme pétillant d'idées qui ne s'interdit pas les grands espaces, comme l'aérien refrain de "Everyone else in the world" ou les sommets mélodiques de "Sharon and hope". Fin de chronique, affolement du chroniqueur au moment de distinguer deux morceaux parmi ces onze merveilles. Onze morceaux qui tuent en trente et une minutes : avait-on entendu cela depuis les Ramones ?