Electric guitars in their hearts (Best of)

The Chesterfields

par Chtif le 06/09/2006

Note: 7.0    
Morceaux qui Tuent
Sob sob story
Completely and utterly


Yeovil est une petite ville du Sommerset, au sud-ouest de l'Angleterre. 40000 habitants, club de foot en D3 ("Go, Glovers ! Go !"), fanfare militaire, excellents fruits de mer, le tout à 200 km de Londres. Mouais... Déjà, c'est un coin où on n'irait pas en vacances, Yeovil. En 1986, il valait même mieux ne pas y habiter tout court. L'employeur principal, Westland Helicopters, menaçait d'être racheté par des américains. De quoi foutre pas mal de monde au chômage. Après, la crise devint politique, etc... Au beau milieu de ce gourbi, il se trouvaient encore des jeunes gens pour rester optimistes. Sous les nuages déprimants, les Chesterfields de David Goldsworthy sautaient à pied joints dans les flaques avec une pop pleine d'entrain.

Vite repérée par le label Subway Organization de Bristol, la jeune formation sort dans la foulée une poignée de singles tous plus enjoués les uns que les autres. Les pochettes de disques sont colorées, et les rythmes joyeux évoquent les sachets de bonbons acidulés que l'on partage assis au bord du trottoir. Toute une époque au charme un tantinet suranné aujourd'hui, dans laquelle nous replonge cette compilation de 27 titres, pas l'intégrale mais presque. Le premier album du groupe, "Kettle" (1987), est largement représenté. Les Chesterfields brandissent leurs guitares pour faire revenir l'éclaircie sur les pavés mouillés avec "Shame about the rain", et se voient déjà en super-héros avec un superbe "Completely and utterly", au refrain plein de rêves de gosse : "here come the saviours, they've got electric guitars in their hearts". La formule est simple, les paroles aussi, mais le sens mélodique est bien présent, avec quelques petites trouvailles amusantes et discrètes (le xylo maltraité sur "Oh mr Wilson", le violon country-pop de "Sob sob story"... ).

Après une incursion réussie mais sans suite en territoire punk ("Pop anarchy !"), et quelques concerts avec Primal Scream, les Chesterfields délivrent leur deuxième et peut-être meilleur opus, "Crocodile tears" en 1988. Malgré la très bonne facture des compositions, et un nouvel attrait pour des cuivres qu'ils utilisent à plusieurs reprises et à bon escient ("Blame", "Last train to Yeovil"...), le disque rencontre un succès mitigé et précipite la fin du groupe, mettant un terme à leur courte carrière (on peut oublier la tentative de come back avec le périssable "Flood" en 1994). Il faudra la persévération de quelques fans (au premier rang desquels P.J. Harvey, leur concitoyenne) pour perpétuer la flamme jusqu'à ce judicieux best of édité par Cherry Red.

Depuis, Yeovil n'est pas devenu plus habitable. La ville teste aujourd'hui un nouveau système de traçage biométrique à l'entrée des boîtes de nuit. David Goldsworthy, disparu dans un accident de circulation, n'est plus là aujourd'hui pour constater les dégâts. Nul doute qu'il aurait tiré de sa musette une tripotée de bonnes chansons pour faire oublier cette abomination.