From here to eternity

The Clash

par Francois Branchon le 16/10/1999

Note: 10.0    

Au début en 1976 étaient les Sex Pistols, et juste derrière en notoriété et impact, les Clash. En 1978, les Pistols disparus, les Clash passèrent en tête, et simultanément enrichirent considérablement leur musique, gagnèrent de nouveaux publics, en Amérique surtout qui les fit jouer dans ses stades, sans pour autant abandonner leur pratique militante d'extrême gauche, les apparitions dans les carnavals anti-nazi et le salutaire combat anti-Thatcher. Un grand écart idéologique qui finira par exiger des concessions du genre MTV que bien sûr ils refuseront et qui aura leur peau. L'espace de ces trois ou quatre années, de 1978 à 1982, ils furent LE groupe de rock emblématique, porte-drapeau de toute une génération, y compris en France, pays empégué par l'indécollable pansement Téléphone, où ils jouèrent souvent (une semaine durant au théâtre Mogador en décembre 1981 ! ). Mais aucun de leurs albums en studio, pas même les meilleurs ("London calling", "Sandinista") ne rendit jamais compte de la furieuse, intelligente et bienfaisante énergie qu'ils communiquaient en concert. Une gigantesque force dansante (écoutez la version parfaitement swinguante ET violente de "London calling" ! ) qui a gravé dans le marbre les souvenirs de ceux qui les virent sur scène. La force de cet album est de combler ce manque. Bien qu'il ne s'agisse pas d'un seul concert, mais d'une collection de dix-sept morceaux captés lors de huit concerts différents à Londres, New York et Boston, l'ensemble est fort bien monté et si différence se note, c'est seulement dans le son, un peu plus "léché" en 1982. Dès "Complete control", le ton est donné : la musique de Joe Strummer, Mick Jones, Paul Simonon et Topper Headon sera serrée, jouée au cordeau et ne baissera jamais de ton. La sélection prend le soin de rassembler tous les "hymnes" clashiens : "London's burning", "Capital radio", "London calling", leur version de "I fought the law" de Bobby Fuller, "The magnificent seven", "Armagideon time" (que l'on peut entendre repris actuellement dans la BO de "Ghost dog" de Jim Jarmush), "Should i stay or should i go", "Train in vain" enchaîné au peut-être meilleur de tous : "Guns of Brixton", écrit par le playboy bassiste Paul Simonon après les émeutes raciales de Londres en 1980. On espérait du si longtemps attendu live de Clash qu'il parvienne à restituer la si forte communication-fascination de son public. "From here to eternity" y réussit à la perfection.