Bloodflowers

The Cure

par Jean-Guy Amariglio le 26/03/2000

Note: 7.0    

Voici le nouvel album de The Cure, qui, à en croire son leader Robert Smith, serait aussi l'ultime. Leur chant du cygne, donc, au moment où leur héritage musical commence enfin à être reconnu à sa juste valeur, avec Massive Attack et les Smashing Pumpkins en tête de liste pour se partager le magot. Mais qu'attendre en l'an 2000 d'un groupe qui laissa une empreinte aussi profonde dans le rock des années quatre-vingt, pour mieux se fourvoyer dans les années quatre-vingt dix. Il faudra donc mettre ses préjugés de côté pour apprécier "Bloodflowers", car il s'agit bel et bien d'un retour en état de grâce. Mais pas vraiment dans la lignée de "Pornography" comme on a pu le lire ici et là, non, c'est une nouvelle facette du chanteur que l'on découvre tout au long de ce disque. Un Robert Smith fatigué, qui se penche sur son passé et sur le chemin parcouru depuis les débuts du groupe. La mélancolie est omniprésente, le spleen est idéal, mais c'est avant tout par son côté étrangement apaisé que ce disque se démarque. On sent que l'homme commence enfin à être en paix avec lui-même. Désarmant de sincérité, il s'interroge sur l'existence même du groupe vingt ans après et nous livre ses conclusions sans se voiler la face : The Cure n'a plus rien à prouver alors à quoi bon continuer... Robert Smith semble avoir réglé ses comptes avec ses démons intérieurs, ceux-là même qui lui ont fait composer "Faith", "Pornography" ou surtout "Seventeen seconds". Mais il ne pouvait pas partir comme un voleur, tourner le dos sans rien dire au public qui a toujours eu une relation forte avec son groupe. Voilà pourquoi l'écoute de "Bloodflowers" - véritable mea-culpa des albums des années quatre-vingt dix - procure la même sensation douce-amère que de revoir un ami que l'on n'a pas vu depuis longtemps, pour se dire adieu car il s'en va vers d'autres horizons, plus sereins. Néanmoins, la tristesse du départ est moins intense que le bonheur de voir l'autre aller mieux. The Cure n'a jamais si bien porté son nom.