Some people are on the pitch they think it's all over it is now

The Dentists

par Jérôme Florio le 27/01/2006

Note: 10.0     
Morceaux qui Tuent
Strawberries are growing in my garden (and it's wi
You make me say it somehow
Flowers around me
The little engineer's set


Dix ans d'activité pour ce groupe anglais formé en 1983 à Medway, une bourgade rurale du Kent : pas assez pour gagner une place dans le tableau d'élite de la pop anglaise, relégués au second plan auprès de glorieux prétendants comme les Weather Prophets (groupe de Peter Astor). Partagés entre périodes très actives et d'autres en pointillés, les Dentists jettent l'éponge en 1994, lâchés par leur label East/West qui renonce à assurer la promotion sur le marché américain. Mais revenons à leurs débuts : Michael Murphy (chant), Bob Collins (guitare), Mark Matthews (basse) et Ian Smith (batterie) autoproduisent en 1985 un premier single puis un album qui mêle avec talent et fraîcheur pop sixties, romantisme new-wave et sécheresse punk.

A l'écoute, on mesure les points communs entre les Dentists et les jeunots d'aujourd'hui comme The Coral : une même attirance pour le rock garage et les Byrds, qui passe par le son si caractéristique de la guitare Rickenbaker de Bob Collins. Comme Peter Buck (R.E.M.), ou Johnny Marr (Smiths) au même moment, Collins a puisé chez Roger McGuinn (qui lui-même chez George Harrison...) ce son cristallin qui se fait tour à tour tranchant, bagarreur, hypnotique. Les compositions s'enchaînent aussi bien qu'une compile de singles des Small Faces – mais jouées dans un esprit plus proche de nous dans le temps, avec une passion presque naïve qui irradie à chaque seconde : le chant de Michael Murphy a quelque chose d'affecté, avec des inflexions mélancoliques et pressées qui ne seraient pas les mêmes sans Ian Curtis (Joy Division), Steve Shelley (Buzzcocks) ou le Morrissey des débuts. A la différence de bien des groupes actuels dont les premiers disques sonnent déjà très pro et sans défauts, le son est brut de décoffrage, laisse passer l'énergie - l'esprit punk pas encore totalement refroidi. L'inspiration psychédélique prend le dessus sur la fin du disque ("Tangerine", Everything in the garden") ; placé en bonus, le single "Strawberries are growing in my garden (and it's wintertime)" a la flamme de ces premiers jets que l'on sent poussés par l'urgence et la volonté de marquer le coup.

Ce sont peut-être les influences sixties des Dentists, plus prononcées que chez leurs camarades de promo (Smiths, Lloyd Cole & The Commotions etc...), qui ont empêché à l'époque ce "Some people..." de trouver son public : avec du recul, cette réédition en bonne et dûe forme devrait l'aider à accrocher la liste des classiques "indé" des années 80.