Hollywood Town Hall

The Jayhawks

par Jérôme Florio le 11/04/2011

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Waiting for the sun
Wichita
Settled down like rain


1991, l'année des chemises de bûcheron à carreaux. Emmené par la locomotive Nirvana, le grunge explosait commercialement – et moi, j'écoutais les Jayhawks.

Je ne connaissais pas grand-chose au rock hors de la discothèque paternelle, dans laquelle Neil Young (celui de "Harvest") et Bob Seger siégeaient en bonne place ; je crois bien que "Hollywood Town Hall" était le tout premier Cd acheté avec mon argent de poche, après y avoir jeté une oreille grâce aux bornes d'écoute de la Fnac à Toulouse. J'avais sans doute été séduit, voire rassuré par ce son assez familier, et d'ailleurs mon père avait adoré le disque... pas vraiment une déclaration d'indépendance !
Le son de l'époque filtrait un peu sur "Hollywood Town Hall", grâce aux guitares lourdes et grasses de Gary Louris et Mark Olson, mais le fossé était quand même grand. Alors que Nirvana explosait le matos sur scène, les Jayhawks faisaient étalage d'un fétichisme vintage limite passéiste : les photos du livret en noir et blanc représentaient leurs amplis, pédales d'effet et guitares patinés par le temps ; ils posaient dans un diner et devant l'hôtel de ville rural en bois (qui ressemble à l'église dans laquelle officie Clint Eastwood en faux prêtre dans "Le canardeur" de Michael Cimino, 1974) d'un Hollywood de "l'Amérique profonde" par opposition à la capitale glamour et cruelle de l'industrie cinématographique.


"Crosby Stills & Nash", 1969
"Crosby Stills & Nash", 1969


"Hollywood Town Hall", 1991
"Hollywood Town Hall", 1991


La réussite de "Hollywood Town Hall" doit aussi au producteur George Drakoulias (Maria McKee, Black Crowes, Johnny Cash...) qui a signé les Jayhawks sur son label Def American après avoir entendu leur premier disque "Blue earth", une collection de démos parue en 1989 sur le label Twin Tone (Minneapolis). En étoffant la prise de son, tout à fait rutilante, autour des harmonies vocales complices et des compositions solides de Louris et Olson, il a assuré le succès du single "Waiting for the sun", le meilleur classement du groupe dans les hit-parades. Aucun titre n'est faible, tout le disque jouit d'une très (trop ?) grande uniformité dans laquelle se distinguent les harmonies et mélodies de "Waiting for the sun", "Settled down like rain", "Wichita"...

C'est de bout en bout un régal d'americana chromée, parfait équilibre entre mélodies accrocheuses et guitares plombées. Un véritable sans-faute, que les Jayhawks répèteront une dernière fois avec "Tomorrow the green grass".



JAYHAWKS Waiting for the sun (David Letterman Show 1991)