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The Johnny Almond Music Machine

par Francois Branchon le 29/09/2015

Note: 9.0     
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Les adorateurs du John Mayall des sixties connaissent et vénèrent Johnny Almond, membre pendant quelques mois de l'année 1969 des Bluesbreakers où il illumine le groupe de son saxophone et de sa flute. Avec lui Mayall gravera deux albums, "Looking back" en juin 69 et surtout, l’exceptionnel "Turning point", concert enregistré en juillet au Fillmore East de New York, nimbé de bout en bout de la grâce d’un Almond central, son saxophone ou sa flûte parfois suspendus jusqu’à l’évanescence. Peu après, Mike Vernon, producteur de Mayall et de tout le blues anglais d’alors, le convainc de se lancer sous son nom propre. Johnny quitte Mayall (qui a l'habitude d'être quitté) et fonde la Johnny Almond Music Machine.

Le bougre avait su s’entourer. A la guitare Steve Hammond, ancien d’Eric Burdon et Chris Farlowe qui rejoindra plus tard Quatermass, fleuron obscur du rock progressif anglais. Le bassiste Roger Sutton est un ancien de Tim Rose, Julie Driscoll et Steampacket, et fondera Nucleus, groupe phare du jazz expérimental anglais. Geoff Condon à la trompette est un ancien de Zoot Money et Chicken Shack, quant au batteur, Alan White, ancien comme Almond de l’Alan Price Set, il sera le batteur du Yes de la grande époque.

Johnny Almond était un admirateur de Roland Kirk, l’homme qui jouait en même temps de la flute et du sax. Il joue ici, mais séparément, des saxophones alto, ténor et soprano, de la flute, de l’orgue, du vibraphone, de la clarinette basse et même du Mellotron – le monstre que les Moody Blues viennent de populariser – mais il saura l'utiliser avec la parcimonie nécessaire.

La musique proposée est une alliance d’ambiances groovy (à la Jimmy Smith / Lalo Schifrin), d’introspections méditatives, de psychédélisme obsessionnel cousinant par moments avec les géniales divagations de Pharoah Sanders. Une fusion qui domine aisément celle tentée par Herbie Hancock quand il intègre des rythmiques rock.

Répertoire original – une seule reprise, "Before dawn" de Yusef Lateef – que Johnny Almond,- propulse, guide, colore, avec une grande finesse. La Music Machine dura peu, ne joua jamais live, et l’album passa quasi inaperçu, à l’instar des remarquables et inventifs albums de East of Eden, autres pionniers de la même période.


Johnny Almond poursuivra sous le nom de Mark-Almond une carrière en duo avec le guitariste acoustique Jon Mark (son acolyte dans le "Turning point" de Mayall). Il est mort en 2009.



JOHNNY ALMOND MUSIC MACHINE Ensingle (Audio seul)



Et ce long extrait, qui permet - à 12'40 - d'apprécier "Voodoo forest"...

JOHNNY ALMOND MUSIC MACHINE Voodoo forest