Dead end

The Newlydeads

par Chtif le 19/05/2005

Note: 6.0    

Taime Downe a du flair pour choisir le nom de ses groupes. Avant d'opter pour un prometteur "The Newlydeads", aux envoûtants relents de décomposition, il présidait un combo lorgnant sur Aerosmith, dont la seule évocation faisait palpiter bien des muqueuses de cinéphile : "Faster Pussycat". Le patronyme était bien entendu emprunté au "Faster, pussycat! kill! kill!" de Russ Meyer, chef d'œuvre très en avance sur son temps lors de sa sortie en 1965. le réalisateur y mettait alors en scène de manière très esthétique une violence physique et sexuelle encore relativement suggérée, mais totalement inédite pour les écrans de l'époque. On y voyait notamment la pulpissime Tura Satana, au volant d'une sportive, tenter d'écraser contre un mur un Monsieur Muscle à bout de force.

L'homme contre la machine : thème connu mais puissant dans lequel Taime Downe puise désormais le concept premier de son métal dit industriel. Toute la force de ce "Dead end", deuxième opus des Newlydeads initialement pondu en 2001 (on ne compte pas "Re-bound", simple album de remixes de leur premier effort éponyme), réside ainsi dans la confrontation entre les vocalises perverses du bonhomme, les guitares minimalistes de Xristian Simon, et d'oppressants rythmes électroniques suffisamment bien programmés pour que l'on ne s'afflige pas trop de l'absence d'un batteur en chair et en os.

Quelques couinements de femelles en intro ("Sip domniac"), des textes crus et un soupçon d'épouvante de bon aloi ("Night of the living dead", encore une référence cinématographique, cette fois en l'honneur de George Romero) ajoutent sur la toile d'ultimes touches malsaines dans un style proche de Rob Zombie.

Bien sûr, The Newlydeads n'échappe pas aux clichés du genre : voix triturées dans tous les coins, chœurs ghotiques ( ceux de "Six feet deep" semblent directement exhumés de l'excellent "Draconian times", accouché dans la douleur par Paradise Lost en 1995)… Cependant, le groupe a le bon goût d'éviter les trop évidentes et souvent ratées tentatives de malstroms sonores à grand renfort d'effets dolby surround, et conserve une classique base rock à l'ensemble de ses compositions. Alice Cooper reprendrait à son compte "Lipstick", qui ouvre l'album, que cela n'étonnerait d'ailleurs personne.

Au final, à l'exception de "Sixty nine" (abomination glam au maquillage putassier uniquement présente en bonus pour justifier cette réédition 2005), tous les titres valent leur pesant de chocottes. On dénichera même ici une petite perle au teint cadavérique qui nous entraîne dans la pénombre d'une backroom poisseuse et nous laisse comme une traînée de soufre dans le cou. C'est "Hot pink hot rod", qu'un Dj de club avisé ferait bien de caler entre deux Prodigy.

Qu'on n'aille toutefois pas prendre ces exactions au sérieux. Contrairement aux Nine Inch Nails, la vocation des Newlydeads est bien plus d'amuser que d'effrayer. Le disque évoque d'ailleurs plus souvent le "Spaceman" de Babylon Zoo que les macabres rituels de Marilyn Manson (même si l'on jurerait entendre le Révérend en personne sur "Severed"). On écoutera donc "Dead end" comme on se loue une vieille série Z, une pizza sanguinolente en guise de carcasse à dévorer. Hot pink hot rod