Blood/Candy

The Posies

par Jérôme Florio le 19/11/2010

Note: 7.5    

"Ils existent encore les Posies !?" : c'est la réaction à laquelle on peut s'attendre en évoquant ce groupe qui n'a jamais réussi à vraiment se séparer, malgré l'annonce faite en ce sens en... 1998 (l'album "Success"). Jon Auer et Ken Stringfellow, après un "Every kind of light" (2005) de bonne tenue, reviennent avec un sens de la mélodie intact.

Les familiers des Posies le sont sans doute grâce au tube "Dream all day" (1993), dont l'écoute provoque une petite pointe de nostalgie tant il capture bien le son d'une époque, avec sa mélodie classique à peine planquée derrière des guitares lourdes infusées par le grunge. Malgré cette rampe de lancement idéale, Auer et Stringfellow entament dès 1995 un long cycle de séparations / reformations qui entravera la carrière du groupe ; le duo choisit alors de s'investir, ensemble ou séparément, dans divers projets musicaux. Dans leurs interviews du début des années 90, ils ne manquaient jamais de citer Big Star comme influence majeure - ce qui les rapprochait davantage de groupes comme Teenage Fanclub que de Nirvana. Ce prosélytisme passionné les a conduits dès 1994 à jouer avec les membres fondateurs Alex Chilton et Jody Stephens sous le nom de Big Star : cette fidélité paiera, puisqu'ils graveront un disque avec Chilton et Stephens (Big Star, "In space", 2005), cosignant même les deux meilleurs titres du disque. Une sorte de rêve devenu réalité.

"Blood / Candy" paraît quelques mois seulement après la disparition d'Alex Chilton. Sa réalisation est en chantier depuis bien plus longtemps, à un rythme relâché, invitant d'autres musiciens à les rejoindre. On retrouve intact le savoir-faire mélodique de Auer et Stringfellow, dont le son se clarifie de plus en plus et privilégie la dynamique, les mélodies et les harmonies vocales. Très à l'aise dans tous les registres, les Posies réussissent là où le récent Teenage Fanclub ("Shadows", 2010) échoue : rompre la monotonie par une paire de chansons imparables, au premier rang desquelles la power pop parfaite de "Glitter prize" (la veille copine Kay Hanley aux choeurs, du groupe Letters To Cleo). Hugh Cornwell (Stranglers) participe aux choeurs sur l'efficace "Plastic paperbags", et la fin à trois voix de "Licenses to hide" continue sur la même bonne lancée. A partir de "So Caroline, le disque déroule un train-train de solide facture mais sans réel pic, à l'exception de la montée en spirale de "She's coming down again !". Même si l'enthousiasme ressenti à l'écoute des trois premiers titres s'affadit à l'écoute prolongée de "Blood / Candy", il n'en reste pas moins un très bon disque de pop, dont la densité d'écriture masque peut-être trop les failles.



POSIES The glitter prize (Audio seul)



POSIES Dream all day (Clip 1993)