Part 1

The West Coast Pop Art Experimental Band

par Francois Branchon le 14/08/2001

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Shifting sands
Here's where you belong
Transparent day


Un nom impossible, cauchemar de graphistes, pour une histoire de faux conte de fées. Les Rogues, quatre gamins californiens doués, sont invités en 1966 par leur sorcier de mentor Kim Fowley à un concert privé des Yardbirds. Le propriétaire de la baraque, un certain Bob Markley, de quinze ans leur ainé, rêve d'être leader d'un groupe de rock, statut social de rêve pour sa seule passion, draguer les minettes. Playboy à frange et sourire dentifrice, sorte de Dave hollywoodien, à carrière ciné ratée, Markley s'est recyclé chanteur (single "Summer's coming on" pitoyable). Les Rogues, furieux petits rockers garage, plein d'idées mais sans le sou, acceptent l'OPA du playboy, qui va apporter le blé et son carnet d'adresses, mais qui va prendre le contrôle, tout le contrôle. Avisé des tendances et rêvant son groupe en "Velvet Underground surf" (!), il va se croire le Warhol de la Côte Ouest et prendre ce nom impossible, référence directe au "VU's Exploding Plastic Inevitable". Le groupe de petits rebelles se retrouve aux mains d'un non-musicien, aux pratiques d'avocat retors (tout est à son nom) qui passe ses après-midi au golf avec le patron de Warner. Seulement, officiellement reconnus ou pas, Michael Lloyd, John Ware et les frères Shaun et Danny Harris sont LES créateurs et arrangeurs de la musique. On rendra tout de même à Cesar ce qui lui revient : Bob Markley est l'auteur des textes, typiques, passant du politiquement marqué à l'enfantin naïf, parfois sombres et sinistres, parfois carrément malsains, considérés par certains comme 'extraordinaires', par d'autres comme de la 'poésie de merde', artificielle et posée. La musique donc... Elle recycle à peu près tous les styles, la pop harmonique à guitares, le folk acoustique, le rock psychédélique et garage, le jazz comme l'avant-garde. Ce deuxième album (premier pour Reprise) "Part one", enregistré en 1966 et publié en 1967, est superbe, couvrant un large spectre, avec des chansons bien tournées et des titres psychédéliques vifs, aux guitares vrillées (spécialité des Electric Prunes). Un double éclectisme, parmi les morceaux, mais juxtaposant les styles jusqu'en leur sein, ainsi "Leiyla", où le guitariste digresse sur Bach au milieu d'un déluge sonore, sur une rythmique bo-diddlesque. Dès "Shifting sands" en ouverture, porté par un son électrique et ample, le groupe annonce une musique à tripes, qu'il va s'amuser à nuancer, alternant les ballades à la Byrds ou à la Love et des passages pêchus, "1906" par exemple qui rappelle les riffs de basse de "Talk talk" de Music Machine. La reprise de "Help, i'm a rock" de Frank Zappa va ensuite cotoyer un 'Will you walk with me" d'inspiration classique, avec quatuor à cordes, céleste et guitare classique et précéder une autre reprise, de Van Dyke Parks ! Dans un registre plus pop, "Transparent day" est frais comme les Turtles (les riffs de guitare rythmique !) et la reprise de "Here's where you belong" de P.F. Sloan vaut les meilleurs Byrds (les riffs de guitare rythmique encore !). Chassé par Markley avant l'entrée en studio, Michael Lloyd est remplacé à la guitare électrique par Ron Morgan, un pote des Standells, au style marquant et flamboyant (amateur de distorsions et de larsens), qui se révèlera un pion important, co-auteur de morceaux essentiels ("1906" pour ce premier album, puis "Smell of incense", "Eighteen is over the hill", "As the world rises and falls", "A child of a few hours is burning to death" par la suite). Au split du WCPAEB, il rejoindra The New Improved Electric Prunes (la deuxième formation des Prunes). Quant aux parties de batterie, elles sont assurées par Hal Blaine et Jim Gordon, du sérieux. Et Markley demandez-vous, anxieux ? On l'entend au... tambourin ! La réédition est complétée par les versions single de "Help i'm a rock" et "Transparent day".