Icky thump

The White Stripes

par Jérôme Florio le 16/07/2007

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Conquest


Si vous voulez entendre à quoi ressemble la rencontre du hard-blues de Led Zeppelin avec les bandas de Béziers, alors "Icky thump" est fait pour vous.

Le carton mondial de "Seven nation army" avait tout pour flinguer Jack White : la pauvre chanson a fini en tube du Mondial de foot 2006, rejoignant par-là les illustres "I will survive" de Gloria Gaynor ou "Go west" des Village People, euh pardon des Pet Shop Boys. On a vu Jack sollicité de toutes parts, au chevet de mamies country ("Van Lear Rose" de Loretta Lynn) ou papis rock (un temps pressenti pour produire le dernier – on espère – Stooges). Il a même écrit le jingle d'une pub Coca-Cola, ça tombe bien, la firme d'Atlanta utilise le même code graphique bicolore… Le risque d'enfermement dans une formule guettait. Pour s'en défaire, il s'est investi dans The Raconteurs avec Brendan Benson, et a tenté avec "Get behind me Satan" (2005) de redéfinir le son des White Stripes : pas très convaincant.

"Icky thump" fleure bon le recentrage musclé. Le son a enflé proportionnellement au succès : Jack White abuse de power chords bien lourds, tendance Black Sabbath seventies, et enchaîne les riffs coups de boutoir sans distinction – c'est un orgue malfaisant de film d'horreur mexicain qui sert de liant sur le single "Icky thump" (texte politique rageur). Meg et lui refont à eux deux le Rock'n Roll Circus, déguisements compris – satanistes de pacotille sur "Get behind me Satan", maintenant cow-boys matadors. Quelques morceaux réjouissants (ou horribles, selon les goûts) dégonflent la baudruche, comme ce "Conquest" sur lequel on jurerait entendre Robert Plant sanglé dans un costume de Zorro trop serré à l'entrejambe ; ou encore "Prickly thorn, but sweetly worn", sorte de gigue gaélique avec cornemuse (Led Zep encore ?) et ses paroles "laï-de-laï-hoho". Le blues "Rag and bone", "Bone broke", "Little cream soda" bourrinent avec une grâce de bulldozer. "300 MPH torrential outpour blues" (avec sa terrible attaque à mi-parcours), "Catch hell blues", et les plus calmes "Effect and cause", "You don't know what love is" sont davantage dans le style des débuts.

"Icky thump" sonne presque comme un disque "camp", à la limite de l'autoparodie, et joue la surenchère : plus de gros son, plus de riffs qui crachent le feu, et quelques scories non identifiées. Un véritable défouloir pour Jack White, plus chien fou que jamais.