En revenant aux bases du rock avec
"Knock on wood" (2009), The Young Gods nous donnaient
plusieurs choix pour leur retour en studio. Soit rester dans cet
esprit rock et continuer de taper sur du bois et de propager une
chaleur simple, soit replonger avec envie dans les machines qu'ils
avaient délaissées. Ces dernières étant quasi toute leur vie
musicale, elles ont été le centre d'attention et de composition du
trio suisse. Le résultat est, comme d'habitude, absolument
fantastique. Distribuez des sons, des samples, des boucles à qui
vous voulez, personne n'arrivera à en faire d'aussi jolies
compositions que les Young Gods !
Chaque titre de
"Everybody knows" bénéficie d'une finition
extraordinaire, chaque seconde est réfléchie. Quand on obtient de
telles mélodies envoutantes et rock avec autant d'électronique, on
peut parler de maîtrise totale de son art, de perfection, de moments
de grâce. L'univers électronico-pop-rock-indus est toujours aussi
doux malgré le peu d'instruments "basiques" (la guitare
est absente de certains titres, complètement remplacée par des sons
samplo-bidouillés). L'aspect froid et clinique des machines est
envoyé aux oubliettes par la voix et les mélodies de Franz,
charmeur et ensorceleur sur la plupart des titres. Seuls "No
land's man" et "Tenter le grillage" sont plus
agressifs, torturés et chargés d'effets distordants. L'album est
plutôt lent, ce qui donne davantage de relief et de mordant aux
petites accélérations telle celle du magnifique "Miles away",
dont la transition entre l'acoustique et l'électronique se fait tout
en douceur, un véritable travail d'orfèvre... Tout est parfait
jusque l'artwork renversant de cette vue sur Central Park, oasis de
nature dans un océan de béton. C'est le poumon de Manhattan, le
bois au milieu des machines, analogie non numérique à la musique
des Young Gods ? Assurément.