En 1988, avec leur
deuxième album "It takes a nation of millions to hold us back", Public Enemy
décrochent la timbale : leur musique
belliqueuse impressionne par son usage technique et surabondant des samples. Ceux-ci
permettent une nouvelle puissance de son à une époque où les autres productions rap pèchent
souvent par leur pauvreté. Pourtant, Chuck D. et ses comparses n’ont pas été les
premiers à déployer une telle artillerie sonore, un autre groupe du Bronx avait déblayé le chemin, au point que Public Enemy lui rendraient hommage à
plusieurs reprises sur leurs disques.
Les
Ultramagnetic MC's n’ont pas eu une carrière prolifique (même si l’un des
membres, Kool Keith, connaitra du succès en solo dans les années 1990 sous
divers pseudonymes) mais leur premier album, "Critical beatdown", a été fondamental
pour le hip-hop. En une quinzaine de morceaux, le groupe puise dans l’essence
du funk et de la soul, pour créer une musique percutante. Grâce au soin chirurgical
du producteur et beatmaker Ced Gee, l'album garde toute sa hargne et son urgence, plus de trente ans
après. De plus, l’emceeing n’est pas
en reste sur ce disque, où Kool Keith partage sa personnalité dérangée à
travers des rimes fantasques et un flow
allumé. L’esprit ludique et bon enfant de l’old-school est donc bien présent tout
comme ses rythmes rapides et ses scratchs
en guise de refrain.
Moins lourd et
étouffant que peuvent l’être parfois Public Enemy (même sur leurs meilleurs
disques), "Critical beatdown" réussit le compromis difficile de réunir les éléments
artistiques des premières années du hip-hop avec une technique et une production
qui ne tarderont pas à faire figure de modèle pour les années à venir, faisant de cet album l’un des plus influents des eighties. Plus important encore, l’un des
meilleurs.