The man who was already dead

Venus

par Christian Tranchier le 29/12/2000

Note: 7.0    
Morceaux qui Tuent
Mingle with the night
I'm the ocean


Ce disque est le témoignage d'un concert unique du surprenant groupe belge. Venus a en effet fait appel à l'ensemble Musiques Nouvelles : rencontre de deux univers opposés, en apparence. Encore plus audacieux : donner à Renaud Lhoest, du groupe yiddish Abi Gezint, le rôle décisif d'arrangeur. Son influence est manifeste et sans détour de bout en bout, ses goûts, l'apport de sa culture musicale et sa personnalité imprègnent la moindre note. Car, plus qu'une simple apposition de cuivres et de cordes sur les compositions pop, originales et sinueuses de Venus, Renaud Lhoest a procédé à un désossement complet, séparant au scalpel une chair auditive familière pour n'en garder que le squelette, la moelle essentielle. Il a digéré les morceaux pour en régurgiter avec inventivité une vision intimiste. Sans égoïsme, uniquement par passion et désir. Ainsi, Renaud donne corps à des compositions re-devenues originales, d'où un premier dépaysement devant cette seconde vie, où les vents et les cuivres, tantôt romantiques, tantôt sourds de menace, règnent sans partage. Cela a pour effet d'accentuer l'atmosphère théâtrale (assumée et confirmée) de Venus, exacerbé par la voix caressante et froide du chanteur. "The man who was already dead" apparaît comme un rêve éveillé, transpercé d'une tension lugubre et palpable, un opéra tzigane à la fois léger et grave, un conte grandiloquent et majestueux d'une poésie brumeuse. Une "inquiétante étrangeté" plane et persiste au-dessus de ce concert. Une peau neuve pour une écoute qui l'est tout autant. Cette seconde virginité surprendra puis séduira les initiés et déroutera les autres avant de nécessairement les envoûter à leur tour.