Welcome to the modern dance hall

Venus

par Francois Branchon le 05/11/1999

Note: 10.0    
Morceaux qui Tuent
Bass shivering bass
White star line


Existe-t-il, comme voudraient le faire croire les campagnes marketing "indépendantes" - qui ne valent pas mieux que les autres - une vague culturelle belge qui, à l'image du fourre-tout actuel de la "french touch", déferlerait soudain sur l'Europe esbaudie ? Bien évidemment non. A y regarder de près, la Belgique depuis vingt ans a toujours été créative, a toujours su touiller les influences qu'elle reçoit de tous ses vents, choyant des groupes (et dessinateurs, réalisateurs, etc...) originaux et bons. Qu'on se rappelle par exemple ses jeunes gens modernes du style "atomium" avec Soft Verdict, Wim Mertens, Ever Meulen, Anna Domino, TC Matic (et Arno son chanteur-leader), Names, Polyphonic Size, Chabada, les labels Crammed ou El Benelux, les Disques du Crépuscule... C'est vrai, Venus arrive à la suite de Deus, Zita Swoon, Ozark Henry, mais c'est un groupe (pop-rock-folk etc) autonome, avec ses idées et son style, et l'apprécier réclame des oreilles neuves. Pour peu qu'on aime les contrastes, le raffut comme l'intimisme, les ballades tendres comme les arrangements secoués, Venus est "prodigieux", ce prodige d'inventer encore et encore sur un terrain pourtant bien balisé. Il faut franchir "Ball room" le premier morceau qui cueille trop à froid et dès "Perfect lover" on peut perdre pied et léviter comme le Pr. Tournesol dans "Les 7 boules de cristal", emmenant des souvenirs de Morphine et des Violent Femmes comme maigres repères. Maigres car si comme eux Venus n'utilise aucun instrument électrique, le son est plus dense que celui des premiers et n'a pas les influences country des seconds. Avec ses guitares acoustiques rageuses, ses arrangements de contrebasse et de violoncelle, Venus fait penser à un "quatuor (au sens classique du terme) punk". Tous les morceaux sont des univers en soi : de l'ironique "She's so disco" (choisi comme single) remettant les Flying Lizzards au goût du jour à "Don't say you need love", chanson intimiste dont d'habitude seuls les anglais sont capables (on la croirait de Amazing Blondel ou Ian Matthews), passant par l'étrange, inquiétant et totalement envoûtant "Bass shivering bass" qui clôt l'album. Tout juste descendu du "trip" Venus (pas d'autre mot), on a comme disait Jacques Higelin "l'envie immédiate de recommencer".