| | | par Hugo Catherine le 18/03/2012
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| Zeitkratzer
sort encore et toujours des sentiers battus. Ici, l'ensemble
instrumental adapte des compositions d'Alvin Lucier. L'album est
enregistré live. Fidèle aux préceptes du compositeur, le groupe
joue sur les micro-modulations et les interférences acoustiques.
Cela donne une musique faussement répétitive. Ainsi, un son de
cordes infini, une note de piano répétée sans cesse, l'expérience
d'un bourdonnement continu. Il faut écouter les signaux acoustiques
persistants, la stridence sans fin. Plusieurs sources acoustiques en
viennent à ne former qu'une matière unique – celle-ci semble même
se détacher des instruments, prend corps comme masse sonore.
Des
compositions d'Alvin Lucier, de ses ondes sur-amplifiées et de ses
bruits parasites, il émane une puissance magnétique, comparable à
l'effet de multiples cloches sonnant de concert. Il est parfois
impressionnant de constater comme notre oreille s'accommode, en
redemande, nous augmentons le volume au rythme de notre acceptation
auditive. Même les sons perçants, d'abord insupportables,
deviennent indispensables. L'ensemble trouve souvent l'interprétation
juste pour ouvrir notre écoute à toutes les notes, tous les sons,
tous les bruits.
Dans
"Silver Streetcar for the Orchestra", une cloche de tramway
tintinnabule sans cesse, à la manière de Steve Reich. Tantôt notre
oreille fixe la persistance sonore, tantôt la dureté de la surface
frappée. Ainsi va pendant dix minutes. Il faut sûrement en faire
l'expérience pour l'expérience mais aussi pour se vider,
réapprendre à écouter. "Alvin Lucier" est une belle
occasion de faire l'expérience de la radicalité pour mieux
affiner nos capacités d'écoute.
Malgré
tout, il faut s'accrocher, il faut lutter contre l'ennui. Dans "Opera
with objects", certains spectateurs toussent, semblent trouver
le temps long. Il faut les comprendre. |
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