Wheels of fire

Cream

par Francois Branchon le 01/05/1998

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
White Room


Le troisième volet de l'œuvre studio des Cream, "Wheels of fire", contient à la fois l'arrivée au sommet et l'amorce du déclin du groupe. C'est un double album, moitié studio moitié live, enregistré en 1968 dans les deux "temples" de San Francisco (Fillmore West et Winterland), où Cream est un des rares groupes non-américains à être programmé. C'est un sommet par la richesse et la variété de ce qu'ils proposent : des blues quasi traditionnels ("Born under a bad sign", "Sitting on the top of the world"), des morceaux de pure pop ("White room", le mystérieux "Pressed rats and warthog", "Passing the time"..), l'irruption de guitare acoustique, de basse à l'archet et de violoncelle ("As you said") et quelques superbes passages dans les séquences de concert : "Crossroads" et la longue version (près de 17 minutes) du "Spoonful" de Willie Dixon. On passera en revanche sur les 16 minutes de "Toad" et son interminable solo de batterie accusant le poids des ans. C'est l'amorce du déclin, car cette diversité reflète aussi les divergences de trois egos, que de trop longues tournées, incessantes depuis les débuts, poussaient à bout. Et ce fut, de fait, le dernier album officiel. J'eus la chance de voir leur fausse sortie au festival de Sunbury (ancêtre de Reading) le 10 août 68. Ils n'étaient pas à l'affiche et la rumeur annonçait le split imminent. A la fin du set de "Airforce", le nouveau groupe qu'avait fondé le batteur Ginger Baker, le noir se fit, une basse se mit à ronfler, vite rejointe par la Telecaster auburn. Chant du signe ou besoin d'être encore ensemble (?), ils donnèrent pendant une petite heure un concert époustouflant que tous, nous imaginions d'adieu. La vraie disparition officielle du groupe fut scellée le 26 novembre, lors d'un ultime concert au Royal Albert Hall de Londres.