Aladdin Sane - 30th anniversary edition

David Bowie

par Francois Branchon le 31/01/2004

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Panic in Detroit
Time
Jean Genie


"Ziggy" en Amérique...

Au premier accord de ''Watch that man'' on sait à quoi on a affaire : un disque de rock ! Si "Ziggy Stardust" était le "Sgt. Pepper" de Bowie (un album concept sur un groupe alter-ego), alors "Aladdin sane" est son "Exile on Main street", et la reprise des Stones ("Let's spend the night together") vient encore conforter la comparaison.

Les riffs tombent, drus et épais. Certes, Mick Ronson n'a pas la roublardise d'un Keith Richards, mais il joue, et bien, ses six cordes sachant très bien montrer les crocs (''Jean Genie'', ''Cracked actor'', ''Panic in Detroit''...). Ecrit en quelques jours, lors de la première visite de Bowie aux USA pour la tournée "Ziggy Stardust" en 1972, "Aladdin sane" respire un rock'n'roll beaucoup plus proche des racines que son prédecesseur, une authenticité et une fraicheur lui permettant aujourd'hui encore de sonner correctement, sans le côté pudding un peu défraîchi de "Ziggy". Et s'il reste du glam - on est quand même en pleine période "folle" de Bowie - il est quelquefois juste formel, sur chansons sous-tendues de réalité sociale, quand Bowie se rend compte que la réalité peut parfois dépasser la fiction : "eh oui, des GENS vivent dans ce merdier infernal qu'on appelle Detroit" (la très tendue "Panic in Detroit").

"Time" est une des plus belles chansons de l'album, et de Bowie en général, elle marque l'arrivée remarquée dans le groupe du pianiste Mike Garson. Adossées au clavier omniprésent, dans une atmosphère de cabaret berlinois des années trente - une ville où Bowie séjournera quelques années plus tard - la voix à la limite du suppliant et la guitare de Ronson se marquent à la culotte, tendues vers un sommet invisible, à moins qu'il ne s'agisse d'un gouffre inquiétant... "The prettiest star" vient dénouer la tension avec ses choeurs très sixties. Le piano de Garson est tout aussi imposant, voire décadent sur ''Aladdin Sane (1913-1938-197?)''. Trente ans plus tard, il n'a rien perdu de sa liberté formelle, ni de ses étincelles jazzy.

''Drive in saturday'' avait déjà été enregistré par Mott the Hoople, à la suite de ''All the young dudes'', mais la version de Bowie est magnifiquement atmosphérique, et il est difficile d'imaginer un autre sussurer ces languides "Gee it's hot, let's go to bed'... La reprise des Stones est quelconque, avec un désagréable côté épileptique, mais "Jean Genie", dont le riff ressemble étrangement à celui de "La fille du Père Noël" de Jacques Dutronc (1966...) est imparable. Quant à "Lady grinning soul", c'est LA grande tranche de glam classique, quand les pop stars ressemblent à des pop stars et que les parents détestent ça.

Le disque bonus comprend quatre titres intéressants, la propre version de Bowie de ''All the young dudes'', une version au saxophone du hit de 1972 ''John, i'm only dancing'', et les mixes 45t de ''Time'' et ''Jean Genie''. Le reste consiste en divers extraits de concerts américains de la tournée 1972.