Rise and fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars - 30th Anniversary Edition

David Bowie

par Francois Branchon le 09/10/1999

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
It ain't easy
Five years


Icone de l'Histoire du rock, pierre blanche, "Ziggy Stardust" fait partie des meubles. Abstraction faite de ce statut, commençant par une chanson sur la fin du monde et se concluant par la mort orgasmique de son narrateur, "Ziggy Stardust" offrait aussi à la musique pop un nouveau son et peut-être aussi du sens, et ceci bien au-delà du style glam dont il installait le manifeste (un point pour Bowie dans sa rivalité avec Marc Bolan).

Trash, pompeux et punk à la fois, "Ziggy Stardust" est une (la ?) dernière tentative pour Bowie de se hisser au sommet. Il a 25 ans, n'a plus connu le succès depuis trois ans et lorsque paraît "Hunky dory" l'année précédente (1971), il est déjà 'dans' Ziggy. Bowie a visité New York, a flashé sur Lou, Andy et Iggy, a annoncé à la presse qu'il était homo... L'enregistrement sera bouclé en quinze jours. Au dernier moment, illumination soudaine, il rajoute "Starman", "Suffragette city" et "Rock'n'roll suicide". A la sortie du disque en 1972, David Bowie fait "Top of the Pops", l'émission quotidienne de 19 heures de la BBC regardée en famille devant le porridge du soir. Il ne passe pas inaperçu et soudain pour toute une génération, les 60's, les Beatles, les Stones sont derrière, c'est le futur qui est en train de voir le jour.

Aujourd'hui "Ziggy Stardust" a trente ans, le passé. Le premier 'disque post-moderne' (dixit David Buckley dans les notes de livret) a pris un (petit) coup de vieux. Mais quand même... "Soul love" est toujours aussi puissant, "Hang on to yourself" laisse toujours imaginer La Callas avec les Ramones, les cascades de guitares de Mick Ronson sur "Moonage daydream" sont toujours aussi exagérées, mais sa finesse sur le toujours beau à pleurer "It ain't easy" tout aussi belle. Quant à "Suffragette city" et "Star", ils témoignent qu'ils ouvraient une voie royale à Roxy Music.

Le disque bonus offre des chutes et diverses versions inédites. Des démos de "Ziggy Stardust", "Lady Stardust" et "John i'm only dancing" qui figuraient déjà dans la version coffret de 1990, deux versions originelles de "Ziggy Stardust" sous le pseudo de Arnold Corns, des reprises qui furent faces b de singles (la version en anglais d'"Amsterdam" de Brel, "Around and around" de Chuck Berry nommée ici "Round and round"), "Velvet goldmine" et "Holy holy" joyeux et mélodiques, un "Sweet head" fanfaron et un mix récent de "Moonage daydream" (la pub Dunlop).

"Ziggy Stardust" est d'une beauté préservée, presque figée dans le temps mais un peu datée, et reste comme un heureux accident de l'Histoire dont Bowie fut ce jour-là le centre. Depuis la poésie souffrante de "Five years" au furieux final, passant par la fragilité électrisée de "It ain't easy", ce bâton de dynamite impose toujours de respecter la consigne imprimée sur sa pochette : "To be played at maximum volume".