Josh Rouse presenta el turista

Josh Rouse

par Jérôme Florio le 22/02/2010

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Lemon tree


L’éternel déraciné et romantique Josh Rouse semble avoir trouvé son "Home" (2000) en Espagne, où on l’avait laissé avec "Subtitulo" (2006) - on passe sur "Country mouse city house" (2007), un disque de transition qui avait la tête ailleurs. Aujourd’hui, plus besoin de sous-titres : Josh s’exprime en V.O., avec un naturel confondant.

Josh est installé à Valence avec femme et enfant (le Ep "She’s spanish, I’m american" avec sa compagne Paz Suay, en 2007). "El turista" documente donc, comme d’habitude, la vie actuelle de Josh Rouse - et ma foi il y a pire, dans le genre à la coule. Avec un titre pareil, on se demande un instant si "El turista" va enfiler les clichés : on y voit plutôt une marque de lucidité, et d’ailleurs les bases du disque ont été jetées à New York et à Nashville, deux de ses ports d’attache récurrents.
On apprécie chez Josh Rouse cet aspect un peu caméléon, qui prend les couleurs locales sans jamais se dissoudre dans le paysage - de l'anti folk-rock générique. "El turista" fait plus que flirter avec des sonorités latines et jazz, sans jamais oublier ses racines américaines. "Sweet Elaine" et la brillante "Lemon tree" ont un parfum "west coast" indéfinissable qui en font tout le sel ; le traditionnel "Cotton eyed Joe", chanson qui date de la Guerre Civile, n'a sans doute jamais pris un si doux bain de soleil, avec contrebasse jazz et cordes vibrantes. Sur "I will live on islands", Josh Rouse fait jeu égal avec le Paul Simon chaloupé de l’après-Garfunkel ("Graceland", 1986).

"El turista" sonne toutefois moins espagnol que brésilien. Parmi les musiciens, le percussionniste brésilien Sam Bacco apporte une nette coloration sud-américaine ; l’instrumental "Bienvenido" et "Duerme, Mobila", avec leurs cordes amples et un piano à l'écho comme tombé du ciel, sont clairement marqués par les disques de Antonio Carlos Jobim arrangés par Claus Ogerman. Comme beaucoup de ses compatriotes, Josh Rouse a sans doute été introduit à la musique brésilienne par l'entremise d'un brillant importateur comme Stan Getz ("Jazz samba", 1962), ou même Frank Sinatra.

Les titres chantés en espagnol ("Valencia", "Mesie Julian" repris de Bola de Nieve) font le point de la situation : on fuit las grandes ciudades (Nueva York, Paris), vamos a la playa, on grignote des tapas et de la soupalognon y crouton. Buenas vibraciones, on vous dit !



JOSH ROUSE Lemon tree (Live Paris 2010) © le-hiboo.com