Subtitulo

Josh Rouse

par Jérôme Florio le 26/05/2006

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
It looks like love
Jersey clowns
Quiet town


Josh Rouse est un déraciné. Tous ses disques portent la marque des lieux dans lesquels il se pose momentanément, avant d'aller traîner ailleurs sa mélancolie de petit blanc. Après "Nashville" (2004), hommage à la ville dans laquelle il a appris les rouages de son métier, c'est en Espagne qu'il a posé ses valises. Ecrit et enregistré sur place en formation réduite, "Subtitulo" est le troisième disque consécutif produit par Brad Jones – de la "sud-americana" en quelque sorte, du soft-rock encore assoupli par l'atmosphère laid-back et les embruns.

Depuis l'Espagne, Josh est au contact d'une Europe plus attentive aux charmes de ses chansons que le public américain. Il faut dire que ce n'est pas avec un physique de black surmusclé et bombasses en bikini qu'il va prendre l'assaut des charts... "My goals in doing this are to keep making records and to earn enough to keep going... which in my eyes is success". Ici, Monsieur, on s'intéresse avant tout aux chansons - celle-ci est bien, celle-là un peu plus banale... Le terme de "songwriter" prend tout son sens avec l'américain, tant on sent qu'il n'y a que cela qui l'intéresse : polir son art, jusqu'à la brillance mais au risque aussi de trop lisser, de gommer la rugosité qui fait préférer des artistes plus écorchés. "Subtitulo" ne déroge pas aux (bonnes) habitudes : un niveau d'écriture constant, jamais décevant mais guère surprenant non plus, des arrangements soignés pour servir au mieux les compositions. C'est finalement plutôt rare et très agréable.

Dès le début, Josh Rouse fait le point en nous servant une merveilleuse petite miniature, "Quiet town" : guitare acoustique dans l'esprit "Midnight cowboy", cordes et rythmique latino, et mélodie accroche-coeurs. "Looks like love" est le titre catchy à l'image de "Love vibration" (sur "1972") ou "Streetlights" (sur "Nashville") : une sorte de rêve d'americana ("Here comes this americana feeling again...") , un truc qui ronronne de plaisir, tout en bonnes vibrations. Le petit gimmick de guitare à la fin fait plaisir au fan de Johnny Marr. Rouse reprend ses thèmes de prédilection : le décalage qu'engendre la vie sur la route ("His majesty rides"), les portraits pleins d'empathie de personnages un peu paumés (la dépouillée "Jersey clown" rappelle "Dressed up like Nebraska"). Même "Giving it up", qui décrit un quotidien plutôt à la ramasse, est mis au régime d'une bonne luminothérapie. Le duo avec Paz Suay "The man who doesn't know how to smile" est tellement débranché que l'on frise la guimauve – dans laquelle verse "Wonderful" (comme "Sad eyes" sur "Nashville").

Il est bon de se faire rafraîchir par "Subtitulo", une petite brise marine qui fait du bien.

NB : il est possible de podcaster une belle session de Josh Rouse de l'émission Morning Becomes Eclectic (www.kcrw.com), dans laquelle il est accompagné par un quatuor à cordes.