Epitaph

King Crimson

par Frédéric Joussemet le 12/12/2000

Note: 10.0    
Morceaux qui Tuent
Get thy bearings
A man a city
Drop in


Premier pas, apogée et mort du premier King Crimson. Le programme de ces quatre disques est proche d'un rêve. Cinq mois de rêve pour être précis, le temps pour quatre musiciens de créer une nouvelle musique et pour un poète d'ouvrir un monde fantastique : cinq hommes se rencontrent et exposent leur talent. "In the Court of the Crimson King", l'album, a été longtemps la seule trace de tout cela, mais ce coffret remédie sans erreur à cette injustice. Le groupe sur scène dégage une énergie qui est presque tactile à l'écoute. On annonce, s'accorde puis "Epitaph" commence. Déchirant, l'air enfle, les violons du Mellotron, la guitare et la voix s'infiltrent. En fermant les yeux Greg Lake est là, il chante ce refrain qui tord. Sur scène l'émotion est brute, sans les effets du studio elle en ressort encore plus vive parfois. Le plus surprenant n'est pas ici, c'est le second profil du Roi Cramoisi qui se dévoile enfin. King Crimson était un groupe d'improvisation, furieux dans ses explosions, jazzy parfois, souvent au bord du free. Toute la technique des cinq musiciens qui subjugue dans les joutes écrites de "21st century schizoid man" et "A man, a city" est mise ici au service de l'invention spontanée. Tous y participent pleinement, ils semblent projeter leurs passions et brûlent leurs âmes. Il s'en dégage sur les premiers enregistrements une puissance inconcevable avant, juste avant d'écouter "Drop In". Le coffret comporte trois autres nouveaux morceaux et un improvisation libre par concert. Seul problème, les disques trois et quatre n'ont pas un son impeccable et le souffle se mêle parfois de craquements de vinyle. Au regard de la magie des deux premiers disques (les plus anciens concerts) le prix n'est pas cher payé pour ouvrir son esprit à celui de King Crimson.