Lizard

King Crimson

par Frédéric Joussemet le 08/09/1999

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Lizard


Mesdames et Messieurs, faites place nette au Lézard de sa majesté King Crimson ! Laissez vous faire, car immiscé entre vos deux oreilles, le reptile vous transportera dans son monde, terre d'asile d'une musique royale à nouveau sûre d'elle-même. "Lizard" signe le retour du grand Crimson, après la transition difficile de "In the wake of Poseidon". Robert Fripp n'a plus le complexe de succéder au hors de proportion premier album ("In the court of the crimson king"), et revient donc à ce qu'il sait faire : forger des notes jusque là inconcevables. Il est pour cela secondé par de nouveaux venus, tel que Mark Charing (cornet) et Nick Evans (trombone) qui ont tous deux officié dans "Soft Machine". Avec Keith Tippett au piano (électrique et acoustique) et Robin Miller au hautbois, ils élancent le roi cramoisi vers une musique où s'entremêlent soli jazz et réminiscences classiques. Le seul rock progressif qui fait surgir l'émotion des harmonies, à mille lieux de Yes et autre Genesis. Et pourtant Fripp utilise les ingrédients propres à ce style, tels les guitares acoustiques, le mellotron et même des claviers électriques. Seulement lui, fait de la Musique, si bien que tous ces apports forment un tout cohérent, vertige de sons dont la complexité structurelle n'a d'égale que la spontanéité et la force d'impact. Le morceau-titre "Lizard", sur lequel chante par ailleurs Jon Anderson de "Yes", est le grand révélateur de la maturité du groupe. La résurgence du classique y est flagrante, mais Fripp l'adapte, l'intériorise et nous laisse pantois devant tant de beauté, perdu dans la nébuleuse de son génie.