Lark's tongues in aspic

King Crimson

par Frédéric Joussemet le 08/09/1999

Note: 10.0     
Morceaux qui Tuent
Lark's tongues in aspic Part One
The talking drum


Dure... très dure est la tâche : parvenir à faire passer toute la magie de ce chef-d'oeuvre ! Et alors, les efforts seront fabuleusement récompensés : une fois investi de sa mystique, un monde fabuleux est offert. Les guides ont changé. Hormis le guichetier Fripp (guitare et mellotron bien sûr), s'alignent désormais William (Bill) Bruford (batterie) fondateur de Yes, John Wetton (basse & cordes vocales), David Cross (violon et alto) ainsi que Jamie Muir (percussions et "all sorts"...). Tout ce petit monde est issu d'univers différents (jazz, rock, rock progressif...) mais sont unis, en dehors d'un talent sans borne, par la maîtrise de l'instrument et une volonté de se transcender, propre aux grands membres de Crimson. Muire (sa seule participation studio) enlumine cet album : improvisateur total, il créé des atmosphères mouvantes de transe, déplaçant constamment le point d'équilibre déjà ténu. De fait, la symbiose du groupe est parfaite, la nouvelle formation imposant de suite une incroyable maturité. La claque est comparable à celle assénée par "In the court of the crimson king", les notes s'immisçant patiemment mais sans retenue, corrompant chaque neurone et chaque cellule. Mais la "beauté" ne peut pas se poser n'importe où ! Les structures que développe ici King Crimson font sans aucun doute partie des plus complexes imaginées par le groupe, et sans doute dans l'histoire de la musique rock. Cet alliage entre la fonte et l'or, forgé sans contrainte technique par le talent de cinq hommes complémentaires, est un chef-d'oeuvre irrésistible et peut-être même nécessaire. "Langues d'alouettes en gelée pour tout le monde" !