Avec du noir avec du blanc

Olivier Depardon

par Jérôme Florio le 01/08/2018

Note: 8.0    

De Virago, son groupe dans les années 90, à ce troisième disque sous son nom, Olivier Depardon suit une trajectoire qui le voit se délester de tout superflu, de tout artifice : un rock presque ascétique, sans une once de gras, rehaussé pour ce "Avec du noir avec du blanc" d'une électronique qui se fond dans un décor aux contrastes saillants.

La menaçante "La lame de la nuit" fait sienne l'atmosphère sourde et sombre de "Mezzanine" (Massive Attack, 1994, particulièrement le titre "Angel"), disque-monolithe resté quasiment sans descendance, auquel Depardon propose une prolongation pertinente. Il y flotte cette odeur d'ozone qui précède l'orage ; l'électricité basse tension est tenue fermement en laisse, comme un animal à dompter. Olivier Depardon semble en recherche permanente de maîtrise, obtient un maximum de puissance par la répétition de frappes devenant plus denses à chaque impact ("Avec du noir avec du blanc").

Olivier prend souvent quelqu'un (l'auditeur?) à témoin, comme s'il s'adressait à un compagnon de route, à moins que ce ne soit par crainte d'une forme de folie, comme pour s'assurer qu'il n'est pas seul à être la proie d'hallucinations anxiogènes.

"Un retour en enfer" signifie-t-il qu'il y est déjà allé ? Et qu'il en est revenu ? Lancinante, elle est coupée en deux, comme si on devait repartir à zéro, que tout était sans cesse à recommencer. "Avec du noir avec du blanc" est un disque d'après la bataille, qui fait le point et constate les dégâts avec lucidité. Comme un symbole de notre condition humaine, l'"Animal au cou tordu", égaré dans un environnement qui lui est étranger, est à la recherche d'un exit.



OLIVIER DEPARDON Un retour en enfer (Live 2018)