A force d'enfiler des perles par paquets de douze avec régularité, Ron Sexsmith devrait être un homme riche. Ce n'est pas le cas, puisque savoir vendre des gimmicks rapporte davantage que de composer des bonnes chansons : on n'est que plus admiratif devant la constance du doux ronron de Ron, dont l'exigence de qualité et le soin immense qu'il porte à son travail n'ont jamais déçu.
Pour "Exit strategy for the soul", Sexsmith retrouve le producteur Martin Terefe, qui l'avait déjà secondé sur l'excellent "Retriever" (2004). On y gagne un son rond et chaleureux, parfait écrin pour la voix de l'américain (mieux mise en valeur que sur le précédent "Time being", 2006). Rayon nouveauté qui n'en est pas une, l'accompagnement très classique piano-guitare-section rythmique est étoffé par une section de cuivres cubaine. Les arrangements sont pourtant au plus proches de la soul américaine (les musiciens cubains coûtent moins cher ?). Il y a une chose qui ne bouge pas, c'est l'écriture de Ron Sexsmith : on a la sensation qu'il occupe le centre exact de sa musique, avec un naturel et une générosité qui ont la force de l'évidence (l'équilibre miraculeux de "Chased by love") - à ne surtout pas confondre avec une quelconque routine.
"Exit strategy for the soul", drôle de titre pour une collection de chansons qui transpirent l'âme par tous les pores. Et si d'aventure elle prenait la poudre d'escampette, c'est pour que la nôtre s'y sente comme chez elle.
RON SEXSMITH Music to my ears (Live at The Woodshed)
