Division

Shannon Wright

par Jérôme Florio le 03/02/2017

Note: 9.0    
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Shannon Wright est une des voix les plus singulières de la scène rock de ces quinze dernières années, tantôt boule de nerfs ou soft noise comme le titre justement une des chansons de ce dixième disque.

 "Division" commence en terrain connu, quoique très accidenté, en reprenant le son lourd et pesant de "In film sound" (2013). Shannon ne tarde pas à nous lâcher la main dès "The thirst" où le paysage se vide de tout élément superflu. L'instrumentation, resserrée et qui joue sur les contrastes entre la pureté des sources sonores, montre sans aucune ostentation une totale maîtrise qui évoque la délicatesse de Stina Nordenstam (sortie des radars depuis trop longtemps) ou l'ascétisme de Troy Von Balthazar.
On cherche à tâtons son chemin dans les chansons sans couplet ni refrain. A l'autre bout du disque, en point de mire, le phare de "Light house (drags us in)" indique qu'il faut se laisser guider par la voix ; on trouvera de-ci de-là quelques chemins balisés par de délicats arpèges de piano. Shannon Wright semble chanter depuis un endroit isolé, à la fois prison et cocon, parfois presque hors d'atteinte de l'auditeur ; on y voit une forme d'expression intérieure, sans filtre, parmi les plus honnêtes qui soient permis d'entendre. Shannon va tellement à l'os sur certains titres ("Seemingly", "Way ward", abstractions plutôt qu'épures) qu'elle aurait pu intituler son disque "Soustraction"... Cependant la rébellion tonne aux trois quarts de "Soft noise", comme pour laisser échapper un peu de pression.

"Accidental" est une réussite parfaite avec sa belle palette de sonorités, faite d'électronique primitive, d'un piano profond et de cordes dont la montée en puissance reste contenue, sous tension. A l'heure du dixième disque, on peut dire que la discographie de Shannon Wright est au nombre de celles qui comptent vraiment.




SHANNON WRIGHT The thirst (Audio 2016)