"Dance to the music"
est le deuxième album de Sly & The Family Stone, et il persévère
dans la droite lignée de funk mâtiné de psychédélisme de son
prédécesseur, dont les ventes n'ont pas été
celles espérées malgré un certain succès d'estime.
Cet insuccès populaire n'était pas au goût d'Epic, qui a fait
comprendre à Sly Stone et Jerry Martini de revoir leur musique pour qu'elle soit
plus accessible. Frustré, Sly serait sorti de la pièce en
marmonnant à son saxophoniste « D'accord, je leur donnerai
quelque chose ».
Sly
se devait de réussir un tube, c'est chose faite avec la chanson
éponyme de cet album, qui est la première du groupe à entrer dans
le Top 10, lors de la première semaine de 1968. Ce single annonce de
la meilleure des façons l'album Dance to the music, qui sort à la
fin d'avril 1968 et qui marque l'arrivée de la sœur
de Sly, Rose Stone, au sein du groupe en tant que chanteuse, claviériste et
danseuse.
Le
LP "Dance to the music" est une œuvre que l'on peut qualifier de
séminale, puisqu'il constitue une suite quasi ininterrompue de
compositions dansantes qui auraient toutes pu devenir des singles, et qui annonce un nouveau genre que l'on a rapidement appelé soul
psychédélique, popularisé par les Temptations et les Undisputed
Truth à partir de la fin 1968. "Color me true" en est le parfait exemple.
On
a aussi le droit à "Higher", une
première ébauche de ce qui deviendra "I want to take you higher", l'un des grands succès du groupe qui paraîtra dans l'album
suivant. Sly en refera d'ailleurs une nouvelle version, "High
y'all", sur le dernier album studio du groupe en 1982. Pourtant,
le sommet de l'album est "Dance to the medley", un medley
donc, composé de trois morceaux différents ("Music is alive/Dance in/Music lover")
que Sly, par ses talents de DJ, lie jusqu'à en faire un génial
morceau long de 12 minutes qui deviendra l'un des grands classiques
du groupe sur scène - on le retrouve par moments dans la plus grande
performance filmée à Woodstock.
À
noter que la discographie studio de Sly & The Family Stone de 1967 à 1974 a été rééditée en CD en 2007, agrémentée à chaque
album par les versions singles de l'époque. Mais ces
rééditions sont surtout rendues intéressantes par les inédits
qu'elles contiennent, et celle de "Dance to the music" est copieusement
servie puisqu'on y trouve le meilleur de ces inédits, le sublime "We love all", dont on ne comprend toujours pas comment il a pu rester dans les fonds de tiroir aussi longtemps!