Sleep well beast

The National

par Jérôme Florio le 13/10/2017

Note: 5.0    

Le sommeil est bien ce qui nous guette à l’écoute du septième disque des Américains The National. Après "Trouble will find me" (2013), au son certes plus mainstream mais à ce titre plus frais, "Sleep well beast" renoue avec l'impression d'indifférenciation que l'on ressentait avec "High violet" (2010).

Les deux premiers titres reprennent les marqueurs du style du groupe : tout d’abord mid-tempo crépusculaire, avec le piano profond et la voix de crooner paresseux de Matt Berninger ("Nobody else will be there"), puis les roulements de batterie de Bryan Devendorf qui dynamisent "Day I die". Il paraît pourtant que le groupe a changé sa manière d’écrire collectivement, en fonction des contraintes de chacun (la famille, les projets parallèles), mais la différence n'est pas flagrante.
Le disque rejoue ensuite cette alternance de manière systématique, ce qui désamorce l’effet de surprise. Plus que la qualité des chansons, c’est peut-être l'architecture globale qui est en cause. A mi-parcours "Turtleneck" ne s’en sort pas mal en haussant le ton, mais sent trop l’effort du groupe qui s’autorise une pause plus rock que d’habitude. Ce sont d’ailleurs des sonorités électroniques qui s'imposent sur les titres suivants : on a parfois l’impression d’écouter Radiohead (la rythmique, les entrelacs de guitare et la montée en tension des cordes sur "I’ll still destroy you", "Guilty party"). Passé ce petit emballement électro, on revient aux fondamentaux pour trois titres de fin bien pépères.

"Sleep well beast" pourrait sonner comme l'adresse que se fait à lui-même un groupe fatigué.



NATIONAL The system only dreams in total darkness (Clip 2017)