Introspective (+ Further listenings 1988-1989)

The Pet Shop Boys

par Rodrigue Ducourant le 11/03/2002

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Let's to my own devices
I want a dog
It's alright


Album à part. Pour ne rien vous cacher, "Introspective" jouit toujours de mes faveurs particulières, même si en l'auscultant bien il serait facile de le descendre : pas un vrai album (six morceaux sans véritable lien entre eux), des compositions étalées sur une période où les Pets se remettent en question, rencontrent d'autres artistes, recherchent un nouveau son, virent grave sur le dance floor, gobent des extas et produisent plus pour les autres que pour eux-mêmes (Lisa Minelli, Eight Wonders...). Et pourtant c'est une période clé, la rencontre importante avec Trevor Horn, boss du Label ZTT (Frankie Goes To Hollywood, Propaganda, Grace Jones, Art of Noise, 808 State... pardon du peu !), véritable chercheur de son et... fan de Debussy. De cette rencontre (espérée) naîtront deux bombes, ratées une fois de plus par la France : "Let's to my own devices", symphonique, brillantissime et jouissif et "Its alright", plus sobre et ombragé, mais tout aussi tape du pied. Par ailleurs l'influence latino-house se confirme (cette fois bien digérée) sur une version du toujours aussi camp "I want a dog". Chris Lowe récite par coeur les leçons de programmation de claviers et de mixage studio du Docteur Horn ("Domino dancing"). "I'm not scared" petit tube offert en 1987 par les Boys à Patsie Kensit est repris à leur compte en plus fragile, moins hystérique, mais tout aussi troublant. Que "Introspective" ne soit pas un véritable album, voire un simple mini-album, on s'en fout un peu tant il est le parfait témoignage d'une époque. Celle d'une communauté gay qui se délivre dans les boites, invite les diversités sociales et de genres pacifiés (réconciliés !) dans ses fêtes, et ensemble plus soucieux des autres grâce aux vertus des extas. Une culture hédoniste et pacifique qui se dessine avant de se faire pourchasser par des vieux cons toujours au pouvoir aujourd'hui. Une jeunesse sans marges de manoeuvre pour décider de son sort (ça ne fait qu'empirer d'ailleurs) danse avec béatitude et énergie. Les gays brûlent leur joie de vivre sous les spotlights, avant de finir très (trop) vite en cendres. "Introspective" recrache ce vécu avec exactitude. Témoignage rare.