Electro Pop | | 1984 | Album Original + Bonus | Un CD Parlophone / EMI 2002 |
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SPIRALE | | |
| | | par Rodrigue Ducourant le 11/03/2002
| Morceaux qui Tuent West end girls Opportunities Love comes quickly Suburbia Two divided by zero I want a lover
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| A ceux qui (au hasard Bernard Lenoir) soutiennent qu'à part Cure et quelque autres groupes, les 80's ont été musicalement une décennie de merde, il faudra imposer une relecture sérieuse de ces années, au delà du revival ironique actuel, de Miss Kittin au label Gigolo International, passant par le curieux décalage horaire de jeunes groupes américains genre Interpol ou The Rapture. Et quitte à reprendre les choses à plat, on pourrait taper déjà dans les valeurs sûres, les Pet Shop Boys par exemple, et notamment "Please", premier album réussi du duo Neil Tennant (ancien journaliste musical de Smash It) et Chris Lowe, ex-étudiant en architecture. Il y eut pour commencer deux singles incroyables quasi abdiqués par les radios dites 'libres' françaises : "West end girls" d'abord, une collaboration avec le grand Bobby "O" Orlando, producteur singulier de sonorités hip-hop et jalon immanquable de l'histoire de la house. "West end girls" fut le premier single de rap (oui de rap !) classé en tête des charts américains et anglais, un rap blanc, au texte implacable, révélant d'entrée le potentiel de Neil Tennant. Aujourd'hui encore, on le réécoute avec autant d'ivresse, un classique. "Suburbia" ensuite (second single en France, car les anglais eurent "Opportunities" entre deux) fut totalement boudé par ces mêmes radios, une bombinette pop pourtant, dont les lignes de basse louchaient sans complexe sur "Into the groove" de Madonna, référence d'un son de l'époque, celui de l'inévitable triplette anglaise envahissante Stock, Aitken & Waterman. Et vint "Please", concept album presque accidentel, une comédie musicale urbaine contemporaine. Aujourd'hui, l'oreille libérée des à priori journaleux, se plaît à réécouter "Please", tant l'ensemble est cohérent, la production sonore de Bobby Orlando et Stephen Hague pertinente et respectueuse des diverses influences (hip-hop, dance, pop) que revendique le duo. A une époque où la "street culture" bouillonnait d'idées et d'expériences, deux anglais importaient des sons et se les réappropriaient en bricolages sonores "made in England". Un classique donc, qui échappe à l'ingratitude du temps, mais surtout le témoin précieux d'une révolution sonore que rares ont su considérer sérieusement à l'époque. Comme pour l'ensemble des rééditions Pet Shop Boys, l'album original est doublé d'un deuxième, bourré d'inédits et de titres de singles (période 1984-1986). |
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