The hour of bewilderbeast

Badly Drawn Boy

par Olivier Santraine le 10/05/2001

Note: 10.0    
Morceaux qui Tuent
Once around the block
Pissing in the wind
Magic in the air
Stone on the water


Le garçon mal dessiné en question s'appelle Damon Gough, seul aux commandes, effacé derrière ce pseudo à la Greenaway, loin d'un quelconque problème d'ego, contrairement à nombre de ces collègues mancuniens. On ne peut pas dire qu'il ressemble à une pop star, bonnet de laine enfoncé sur les oreilles en toutes saisons, barbe de cinq jours en permanence (en permanence !) et des concerts où il arrive et repart saoul. Il n'a pas besoin de paillettes, "The hour of Bewilderness" est un album magnifique, ce que l'Angleterre a produit de meilleur depuis des lustres, le tout sans décorum marketing. Globalement, Damon Gough fait des pop-songs, tous les types de pop-songs. Les dix-huit titres de l'album font défiler de la pop lyrique sans grandiloquence ("The shining"), du tube disco/funk limite Barry White ("Blistered heart") - ou comment faire suffisamment fun pour ne pas être ridicule - passant par la ballade hippie ("This song") coin du feu et voix tremblante, soit l'intégralité du spectre de la musique anglaise de ces trente dernières années, avec le clin d'oeil à quelques glorieux aînés (Beatles, Smiths...). Aucune redite qui sente le réchauffé ou la nécromancie. Damon Gough s'inspire de sa culture en l'habillant d'arrangements modernes (oui, on peut faire moderne avec une guitare sèche !) et en tire des mélodies somptueuses, semblant si faciles. Au centre de ces dix huit titres trône "Once around the block", le single inusable, la mélodie qu'on attendait depuis toujours, le refrain, euh non, il n'y a pas de refrain, juste des balabalabala, balabalabala à reprendre tous les matins sous la douche. On peut parler aussi de "Stone on the water", très américain rayon Dylan, le Monsieur sait pointer ses oreilles hors de son beau pays. Niveau paroles, écoutez "Magic in the air", histoire d'une soirée où les godasses finissent dans les arbres ('you left your shoes in the tree'...), sur un ton très mélancolique, la mélodie qui fait frémir les filles et rend jaloux les garçons. Presque toutes, des histoires d'amour un peu stupides, mais tellement touchantes. Damon Gough est un grand, un très grand et "Hour of the bewilderness" simplement magnifique.