Love in space

Hawkwind

par Francois Branchon le 30/04/2004

Note: 4.0    

Coup d'oeil sur les pages d'annonces concerts d'un magazine anglais actuel : Tony Joe White, James Taylor, Brian Wilson, UFO, Roger McGuinn, Pretty Things, Creation, Action, Richard Sinclair (Caravan), Leslie West, Al Stewart, Robert Fripp, Ian Hunter, Jeff Beck, Doors, Beach Boys, Jackson Browne, Blondie, Thorogood, Buddy Guy!!! Dites, on est bien en... 2004 ? Sans avoir à y ajouter les photocopieurs (les sosies de Beatles, Stones, Hendrix etc...), on réalise à la fois la pauvreté créative actuelle et l'aspect juteux que prend le marché de la nostalgie.

La moindre trace 70's dans les gênes suffit à accéder au statut de "culte", le lancement ce mois-ci du film "Starsky & Hutch", sinistre daube des débuts de dimanche après-midi de TF1, est à ce sujet éloquente. Alors, si on porte le nom d'un groupe qui a VRAIMENT marqué son époque, on dispose aujourd'hui d'un capital, qu'avec un peu de marketing, on peut transformer en rente à vie. Ainsi en va-t-il de Hawkwind, sidérante machine scénique 70's, aux décharges d'adrénaline denses, aux light-shows robotiques, à la sauvagerie psychédélique guerrière accessible au premier rouleur de joint venu. Un groupe qui créa un style, déposé au pavillon du rock, le métal spatial. Hawkwind fut marrant, créatif, bon, excitant le temps de cinq albums, puis sombra, effacé par d'autres, Lemmy parti fonder Motorhead, une machine aux crocs encore plus pénétrants.

Mais d'autres ont récupéré l'affaire (le mot qui convient), et ne tournant nullement la page, ont préféré figer le groupe dans des chimères aujourd'hui ridicules. Captant un public (nombreux) qui ne retient du psychédélisme que les apparences et les attitudes, Hawkwind parade comme un vieux paon sans roue, joue une musique bateau, fort bien sûr, une musique où même les fantômes ont mauvaise mine, sortis du placard à souvenirs et agités comme des pantins. Hawkwind en 1995 est emmené par le chanteur Ron Tree. L'individu porte une combinaison blanche pour faire spationaute ("Love in space"), mais c'est plutôt au mécano du garage du coin qu'il fait penser, avec ce tuyau de machine à laver qui pendouille derrière son casque de motard. Simulant l'apesanteur, ses chorégraphies sont pathétiques, raccord avec le symbolisme à deux balles de la pochette.

Non les kids, Hawkwind ce n'était pas ça ! La musique avait des tripes, les médiators les coupaient en tranches qu'on avalait goulûment. Aujourd'hui, les tripes sont dans les bides bedonnant de types tout juste bons à passer relever des compteurs.