Jim Yamouridis, australien d’origine grecque installé en France, choisit pour son cinquième disque de faire parler explicitement ses racines musicales : "The other side" est taillé dans le marbre du rebetiko, musique traditionnelle grecque dont les ramifications se perdent dans les Balkans... Jim ne fait pas pour autant dans le folklore, et laisse le bouzouki à la maison au profit d'un dispositif guitare-voix sans artifices, à la tenue aussi austère qu'impeccable. Pris dans les filets de rythmiques obsédantes, jouées en picking, Yamouridis cherche la profondeur, dans l’interprétation comme dans les graves – à côté de lui, Leonard Cohen sonne comme Patrick Juvet… quand il susurre, c’est comme si sa voix vibrante se lançait dans une imprécation. Jim réussit parfaitement à faire entendre cette espèce de blues apatride aux accents tragiques, joué dans des modes auxquels on est peu habitués, presque orientaux, d’Europe de l’Est ou bien d’ailleurs. Il y flotte une atmosphère de transe, toute tournée vers l'intérieur – le rebetiko était souvent joué par et pour des musiciens sous l’influence du haschich. Jim s‘y abreuve comme à une source au goût d'évidence retrouvée.
