American VI : Ain't no grave

Johnny Cash

par Jérôme Florio le 25/02/2010

Note: 9.0    
Morceaux qui Tuent
Ain't no grave
Redemption day
I Corinthians 15:55
Aloha Oe
Last night I had the strangest dream


"American recordings VI" constitue vraisemblablement l'épilogue de la série d'enregistrements de Johnny Cash conduits par Rick Rubin de 1994 à 2003. On s'interroge d'abord sur l'opportunisme commercial de cette sortie, alors que le coffret rétrospectif "Unearthed" (2003) et "American V" (2006) ont déjà paru de manière posthume ; mais bien vite on présente nos excuses d'avoir douté.

Selon Cash lui-même, ces sessions de l'automne 2003 l'ont "maintenu en vie" alors que sa santé était au plus bas, et après le décès de sa femme June au printemps de la même année. Disque testamentaire par les thèmes qu'il aborde, "American recordings VI" n'a pourtant rien de douloureux. C'est au contraire un disque élégiaque, d'une grande douceur, qui vient clore une oeuvre marquante de la musique populaire américaine du XXe siècle – en effet, on n'imagine pas une seconde qu'il puisse y avoir autre chose que le silence après la poignante chanson de départ hawaïenne "Aloha oe" (Lili'uokalani) qui referme ce volume.
Comme ses prédécesseurs, "American VI" est constitué de reprises, sauf une chanson originale : "I Corinthians 15:55" est la dernière composition de Johnny Cash, écrite dans les deux ou trois dernières années de sa vie, un doux gospel – genre qu'il a toujours particulièrement affectionné. Résurrection et adieu, en passant par les émotions de toute une vie... Le disque s'ouvre sur le traditionnel "Ain't no grave (can hold my body down)" ; Cash, accompagné de la même équipe de musiciens dévoués que sur "American V", hisse quasiment toutes les chansons à un niveau d'incarnation et d'interprétation inédit  – notamment  "Redemption day" (Sheryl Crow). Les moins surprenantes "Satisfied mind" (Hayes / Rhodes), "I don't hurt anymore" (Robertson / Rollins) ou "Can't help but wonder where I'm bound" (Paxton) n'en prennent pas moins la dimension immense du personnage.

"American VI : Ain't no grave" est l'ultime étape d'un chemin vers le dépouillement, en dehors de tous les codes – comme pour se libérer de tout ce qui est superflu avant d'entamer le dernier des voyages. Il se dégage ici une force vitale inébranlable, une aspiration spirituelle qui traverse tout le disque et le dépasse : au crépuscule de sa vie, la musique de Cash "the man in black" irradie une lumière qui brillera longtemps.



JOHNNY CASH Ain't no grave (Audio 2010)



JOHNNY CASH Redemption day (Son seul)