Get behind me Satan

The White Stripes

par Emmanuel Durocher le 17/09/2005

Note: 7.0    
Morceaux qui Tuent
Take, take, take
As ugly as I seem


"Jack White à la recherche du riff parfait", brillante superproduction ou nanar de l'été : la formule fonctionnait à merveille sur l'inusable "Seven nation army" en ouverture d' "Elephant" en 2003 mais l'enchantement n'opère plus ici : le sous Led Zep "Blue orchids" sonne comme une auto parodie. Heureusement pour eux, Meg et Jack sont nés sous une bonne étoile et sous la houlette des fées du rock'n'roll et la suite part dans toutes les directions, entre exubérance bruyante et fine dentelle, ça sonne très "à la manière de" tout en restant moderne et personnel.

Beaucoup de blues ("Little ghost", "Instinct blues"), du Love circa 1967 sur le touchant "As ugly as I seem", Jack joue à Mick Jagger sur " Forever for her (is over for me)", à Robert Plant sur "My doorbell", à un Bowie-Ziggy version funky sur le très réussi "Take, take, take", quant à "I'm lonely (but I ain't lonely yet)" il ressemble à un hommage appliqué au "Mercedes Benz" de Janis Joplin tant dans la voix que dans la mélodie. Meg s'invite même à chantonner sur le très bref "Passive manipulation" mais finalement on la préfère quand elle écrase sa batterie ("Red rain" ou le cataclysmique "My doorbell").

Le concept minimaliste du groupe (deux seuls instruments, la batterie de Meg et la guitare de Jack) reste de mise mais se renouvelle un peu. Seuls trois titres sont joués à la guitare électrique, le reste laisse place aux marimbas, pianos et sonorités acoustiques et exotiques, ce carcan toutefois reste un peu étriqué et un jour il faudra en sortir pour libérer davantage d'énergie et un supplément d'âme pour parvenir au chef-d'oeuvre.

Mais ce n'est peut-être pas le salut que recherche Jack, la référence biblique du titre "Get behind me Satan" (Mathieu 16-23 : "Arrière de moi, Satan! tu m'es en scandale; car tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu, mais celles des hommes") est trouble et cherche-t-il à être attiré du côté obscur ? Il est clair qu'entre ses relations avec la gente féminine et ses peines de coeur qui sont la principale inspiration de ses textes sans oublier la recherche du riff parfait, le chanteur n'en reste pas moins un homme avec ses pensées, il pourrait avoir la tentation de vendre son âme au diable ; tout tourne autour du chiffre trois chez les White Stripes : guitare-batterie-voix, rouge-noir-blanc, mélodie-rythme-paroles, Meg-Jack et ? Qui est ce troisième larron pour compléter cette trinité qui se révèle aussi mystérieuse qu'infernale...