Polk salad Annie

Tony Joe White

par Francois Branchon le 05/09/1999

Note: 10.0    
Morceaux qui Tuent
Polk salad Annie
Soul Francisco
Willie and Laura Mae Jones


Première sortie discographique de Tony Joe White en 1968 dont le titre "Polk salad Annie", du nom de la végétation endémique des bayous louisianais, allait le consacrer maître du "swamp rock", genre musical indissociable des lieux, même si la paternité du style peut être revendiqué par Slim Harpo . Une intro à la guitare qui attrape l'auditeur par les cheveux, une grosse voix de chêne millénaire qui campe le décor, la guitare qui flanque un aller-retour à l'auditeur pour être sûr qu'il écoute, la voix qui reprend et après avoir scié encore quelques troncs avec sa guitare, Tony Joe chante enfin, la Louisiane et la fameuse histoire de cette petite fille pauvre qui parcourt la nuit le bayou infesté d'alligators pour cueillir le manger de sa famille, la fameuse fougère "polk salad". Le refrain tire les larmes (la mère d'Annie est au bagne) et le reste de la longue chanson fait une revue à la Zola du reste de la famille, les frères vauriens, le père ivrogne et les combats d'Annie avec les alligators. L'histoire est certes un peu facile mais la chanson sonne bigrement juste et vrai. En dehors de ce titre fétiche, on trouve aussi dans cet album à la rusticité carrée le non moins grand "Soul Francisco", chanson qui par la grâce d'un improbable hit surprise en... France fut à l'origine du succès de Tony Joe White, le dégoulinant de bonheur "Willie and Laura Mae Jones" et quelques reprises (toute la face B du vinyle d'origine) de Jim Webb, James Moore et Burt Bacharach ("Look of love"), le tout accompagné au piano et à l'orgue par David Briggs, pote de Neil Young et co-producteur de ses albums. Le titre du disque au temps de sa sortie originelle sur le label Monument était "Black and white". La pochette était alors différente, beaucoup plus belle, mais faute de grive on mange du merle et on se contente de cette réédition portugaise.