Bowie at the Beeb

David Bowie

par Francois Branchon le 08/10/2000

Note: 8.0    

Temporairement couplé avec le concert (gonflant) donné à la BBC en juin 2000, ce double album collecte les premières prestations de David Bowie (entre 1968 et 1972) dans les shows de la télévision anglaise (Top Gear, Sounds of the Seventies, In Concert, Johnny Walker Show...). Elles permettent de suivre à la trace l'évolution du garçon, grimpant les marches une à une vers la notoriété, jusqu'à la starisation absolue puis le "rockn'n'roll suicide" final de Ziggy Stardust. Le pèlerinage du côté de ces débuts vaut la peine : le petit orgue pop et les arrangements ambitieux de "The heat of the morning" et "London by the ta ta" exhalent un parfum de sixties londoniennes swingantes (côté mini Austin ou Madame Peel), les cordes guindées de "Karma man", les versions acoustiques de Brel ("Amsterdam") tissent la future trame d'un glam rock à la sauce Dylan. Les autres morceaux de "Space oddity" le montrent en transition : "Unwashed and somewhat slightly dazed" par exemple, avec ses vocaux urgents et bruts, sa guitare fuselée, le font sonner comme sous emprise Bo Diddley (rythme obsessionnel), les 8 minutes de "Cygnet committee" visent comme un direct au foie, enjolivées d'arabesques et couronnées par "I want to live !", grandiloquent boléro-supplique finale. Une version de "A width in a circle" enregistré en 1970 pour le Sunday Show est historique : elle marque la première apparition publique du nouveau guitariste Mick Ronson, futur miroir scénique du "White duke". Sa performance n'a rien d'exceptionnel, mais il va traverser de ses fulgurances tout le disque 2, qui à part les deux reprises pulsantes du Velvet Underground ("White loight white heat" et "I'm waiting for my man") est consacré aux deux oeuvres majeures de l'époque, les deux derniers barreaux sur l'échelle de la gloire bowienne : "Hunky dory" et "Ziggy stardust" (dont on se demande pourquoi "Hang on to yourself" et "Ziggy" sont présentés deux fois, car totalement identiques). Les qualités d'enregistrement et de son sont excellentes pour l'époque, avec des versions très élégantes de "Starman" et "Oh! you pretty things", annonçant la sensibilité plus pop à venir de Bowie et les exécutions musclées de "Suffragette city", "Queen bitch" et "Changes". A cette époque, David Bowie atteint une altitude au-delà de laquelle il lui sera bien difficile de s'élever encore.