Takes off (Edition BMG 2003 avec Bonus)

Jefferson Airplane

par Francois Branchon le 31/08/2004

Note: 7.0    

Premier groupe à émerger de la bouilloire rock de San Francisco, Jefferson Airplane est en 1966 le groupe du chanteur Marty Balin, un habitué des circuits folk de la Bay et propriétaire du Matrix, club qu'il ouvre aux rockers (les Doors y joueront en 67 un concert mémorable enregistré sur le bootleg "Moonlight drive" avec une pochette signée Guy Pellaert). Difficile d'imaginer sous "Takes off" les futurs ailes du psychédélisme débridé que l'Airplane déploiera. Le son est propre sinon propret (enregistré sur 3 pistes !) et les musiciens ont le look de sages étudiants américains, gentils et bien propres sur eux. Seules des coupes de cheveux à la Byrds témoignent de leur non-conformisme. Et si le rock du Sud (version Presley) a déjà depuis longtemps installé ses codes, sexuels et vestimentaires, San Francisco n'est visiblement pas encore sous influence love-ins multicolores. Avec une circonstance atténuante, le sorcier Ken Kesey termine tout juste la mise au point du LSD, une question de jours...

Musicalement, derrière ce son étriqué, bien loin de ce qu'au même moment les Byrds sont capables d'offrir d'envoûtement, les chansons sont d'essence folk teinté de pop, centrées sur les mélodies, aucune digression instrumentale n'étant encore au programme. A l'exception des deux reprises, "Tobacco road" de John Loudermilk et "Let's get together" de Chet Powers, les chansons sont toutes signées de Marty Balin, bien tournées ("Come up the years", "And i like it", "Chauffeur blues", "Bringing me down") et l'une, "It's no secret", deviendra un classique.

Jorma Kaukonen est effacé, coincé dans son petit complet en Tergal, Kantner auto-proclamé co-leader est transparent, Signe Tole Anderson, la première chanteuse (Grace Slick la remplacera pour l'album suivant) se démène et seul Jack Casady impressionne, sa basse déjà très en avant annonçant un type vraiment pas comme les autres...

La réédition 2004 ajoute les chutes, parues sur l'album fourre-tout posthume "Early flight" ("High flying bird", "It's alright", "Running round this world"), "Go to her" de juin 1966 ainsi que quatre prises alternatives.