Queen of the meadow

Elysian Fields

par Vincent Théval le 26/01/2002

Note: 8.0    
Morceaux qui Tuent
Bend your mind
Queen of the meadow


Bien-sûr, il y a d'abord la honte, la petite humiliation de passer à la caisse d'une grande surface 'culturelle' avec ce disque, dont la pochette rappelle les pires heures du hard-rock late-seventies. Passé ce pénible moment, c'est avec un réel ravissement que l'on retrouve Elysian Fields, rescapé des caprices d'un label indigne. Car ceci est bien le troisième album du groupe de Jennifer Charles, le précédent ayant fait les frais d'une production rêche au service de chansons jugées trop abruptes par quelque fonctionnaire du rock indé. De cet album fantôme, de ces chansons avortées, on ne sait pas réellement ce qui reste ici. Un disque hanté, sans doute. Jennifer Charles s'y montre fidèle à son idée première: chanter d'une voix sensuelle et troublante des textes effrayants. La présence ici d'un texte d'Edgar Allan Poe ne surprend pas tant le groupe s'inscrit pleinement dans cet univers ambigu, sombre et romantique. Musicalement, Elysian Fields n'a jamais été aussi new-yorkais, se délestant des quelques lourdeurs qui handicapaient "Bleed your cedar". D'une sécheresse et d'une précision remarquables, la rythmique soutient un édifice minimaliste qu'étoffent à peine un piano chancelant, quelques cordes, un orgue, et une guitare, tantôt mourante, tantôt acérée. Oren Bloedow confirme son statut de guitariste génial, avec un jeu plus acoustique et plus rentré qu'à l'époque du premier album, là où l'on pouvait craindre une ennuyeuse dérive jazzy. Si les oracles en sont d'accord, cette poignée de chansons magnifiques et deux tubes potentiels ("Bend your mind" et "Hearts are open graves") assureront à Elysian Fields une belle vie et l'assurance définitive de n'être plus considéré comme un sous-Mazzy Star.