Strange days - 50th anniversary expanded edition

The Doors

par Francois Branchon le 15/11/2017

Note: 10.0     
Morceaux qui Tuent
People are strange
Unhappy girl
You're lost little girl
Strange days
My eyes have seen you


Avec ses mêmes chansons calibrées en écrins et sa même longue suite frôlant le quart d'heure, "Strange days" à la fin 1967, le deuxième album des Doors, frappe la joue droite quand la gauche est encore toute chaude de la claque du premier.

Mais la claque est plus intense encore. A l'image de la pochette, à la fois mystérieuse et tentatrice, la production de Paul A. Rothchild atteint une perfection inégalée et l'utilisation subtile par le spécialiste du son Bruce Botnick de réverbs et d'échos sur les voix et les instruments installe une atmosphère hors du temps et de l'espace, inconnue jusqu'alors. Les Doors y inventent une sorte de psychédélisme intérieur et feutré, qui n'a nul besoin d'instruments extravertis pour enflammer les sens et susciter de capiteux frissons.

Avec le spatial "Strange days" en spirale infernale d'ouverture, l'énervé "My eyes have seen you", le désabusé "People are strange" (repris par Echo & The Bunnymen), l'indispensable filiation blues "Love me two times", le secoué "Horse latitudes", les déclarations de clairs de lune "You're lost little girl" et "I can't see your face in my mind", la pop parfaite de "Unhappy girl" et (malgré) le long "When the music's over", le deuxième album des Doors est un des grands albums de l'année 1968, un classique.

Pour son cinquantième anniversaire, Rhino met les petits plats dans les grands et c'est Bruce Botnick en personne qui est aux fourneaux. Au terme d'un long travail (très bien décrit techniquement en introduction), il est parvenu à nettoyer et restaurer les bandes originales, et propose aujourd'hui pour la première fois la version mono de "Strange days". Curieusement, Botnick et les Doors préféraient de loin ce son mono, utilisé pour les singles (destinés à passer sur des stations AM), mais Elektra souhaitant publier l'album internationalement en stéréo, Botnick dut céder à l'air du temps et préparer des mixages-gadgets (la batterie qui passe de gauche à droite etc).

Et on ne peut qu'acquiescer à sa déclaration liminaire : mono is sublime, just a mix that can be heard anywhere at anytime and the balance will never change.
Cette édition anniversaire présente donc la version stéréo déjà connue (et remastérisée elle aussi) et un deuxième Cd avec la véritable version mono, punchy, directe. Une autre forme de poing dans la gueule cinquante ans après !



THE DOORS Strange days (1968 Mono mix)