The soft parade - 50th anniversary deluxe edition

The Doors

par Francois Branchon le 05/01/2020

Note: 8.0    

"The soft parade", sorti en France dans la moiteur de l'été 1969 laissait une impression bizarre et posait question sur la trajectoire des Doors. Lumineux et hors-normes dès leur départ ("The Doors" janvier 1967), confirmant bien plus haut encore à la fin de la même année ("Strange days" décembre 67), mais déjà essouflés l'année suivante ("Waiting for the sun" juillet 68) avec ses quelques hauts mais des bas ne pissant pas bien haut (le hit paresseux "Hello i love you" !), les Doors attendaient une année complète pour publier "The soft parade" en juillet 69, album à la présentation luxueuse, belle pochette gatefold, les quatre tirés à quatre épingles... Morrison & Co s'embourgeoisaient ?

A l'écoute, "The soft parade" ajoutait d'autres questions, d'autres déceptions : le travail paraissait décousu, la production encombrée de cuivres et d'arrangements inhabituels. Il y a bien là le réglementaire long morceau - "The soft parade" - mais à l'exception de l'enivrant "Shaman's blues", et dans une moindre mesure de "Wild child" et "Wishful sinful", les mélodies étaient moyennes et les morceaux ne donnaient pas envie d'y revenir. Les sections de cuivres dénaturaient le psychédélisme chatoyant des merveilles passées, et, coup fatal final, les morceaux n'étaient plus signés collectivement "Doors" mais des musiciens respectifs, chronique d'un déclin annoncé. Bref, en cet été 69, l'amoureux de base des Doors, celui dont la vie avait changé depuis "Soul kitchen" et "Love is strange" était en quasi deuil. La suite six mois plus tard ("Morrison Hotel" janvier 70), allait apporter un réconfortant démenti, sans même attendre le "LA women" final.

Le label de réédition Rhino fête les anniversaires marquants des grands albums de l'Histoire de manière grandiose. Les premiers Doors et Love y ont eu droit pour leur cinquantenaire. On attendit une célébration de "Strange days", en vain. Et voici qu'il jette curieusement son dévolu sur la parade molle, et la curiosité le dispute au scepticisme, quels inédits notoires pouvaient donc recéler cet "accident de parcours" ?

L'objet "50ème anniversaire" est très beau, au format attendu du vinyle, et comporte un Lp, trois Cd et un superbe livret.

L'album "The soft parade", en vinyle comme en Cd est complet, incluant le single "Who scared you" (sorti séparément en 1969, en face B de "Wishful sinful"), remastérisé comme il se doit par Bruce Botnick (qui a pris en charge la production du coffret). Un deuxième Cd le présente sous un mix inédit différent ("Doors only mix"), quant au troisième Cd, le bonus, il offre la suite "Rock is dead", longue improvisation rock blues pas toujours légère ni fine menée par Morrison et Krieger, empruntant ponctuellement à quelques standards (Presley), ponctuée d'un gimmick répétitif. Enregistrée aux studios Elektra de Los Angeles en 1969, elle est ici éditée pour la première fois dans son intégralité de 1h04 ! (une version succincte de 16 minutes figurait dans le coffret "Doors Box Set" de 1997). Le Cd est complété par un autre inédit, "Chaos", brouillon de ce qui deviendra sur « You make me real » sur "Morrison Hotel".



DOORS Shaman's blues (Audio seul 1969)




45t français Wishful sinful / Who scared you
45t français Wishful sinful / Who scared you