The Doors 1st album - Collection classic albums (Collection Classic albums)

The Doors

par Francois Branchon le 14/05/2008

Note: 10.0     

Le premier album des Doors fut un coup de maître, et allons-y carrément, il reste à ce jour un des plus grands "premier album" de l'histoire. Et pourtant, avant cette année 67, s'ils disposaient avec Morrison du "fonds" (textes et mélodies), les trois autres Doors n'avaient pas plus de "forme" que la majorité des garage bands de l'époque, musiciens au son et à l'inspiration assez limités et banals.
Le coffret "The Doors box set" de 1997 illustrait d'ailleurs parfaitement le passage au stade professionnel après signature chez Elektra, lorsque le label leur dépêchait deux crèmes d'hommes, le producteur-arrangeur Paul Rothchild et l'ingénieur du son-musicien dans l'âme Bruce Botnick. L'écoute parallèle des mêmes morceaux, aux stades maquettes puis produits, était alors saisissant et permettait de mesurer l'importance des hommes de l'ombre, et dégât collatéral, de minorer l'apport des Manzarek, Krieger et Densmore, confirmant le net clivage - artistique et humain - entre Morrison et les trois autres.

Ce Dvd de la collection "Classic albums" de chez Eagle vient éclairer ces quelques jours de studio qui allaient faire d'une collection de chansons un des immortels du rock. Et tous ceux qui ne purent que passer en boucle le premier LP des Doors à sa découverte vont en avoir pour leur argent, car si les "trois autres" sont là (comment faire autrement), on ne prête guère attention à leurs discours fatigués (Krieger ressemble à l'amiral De Gaulle et Manzarek est toujours aussi "humble" !), pris, captivés, charmés que l'on est par Bruce Botnick. Oui Monsieur Botnick, le monsieur aux boutons, l'ingénieur du son "maison" de chez Elektra, l'homme qui mit en forme les trois premiers Tim Buckley, les Love...
Revenu derrière sa console d'époque, ses collections de bandes dans le dos, il décortique chaque morceau de "l'oeuvre", et, en détenteur gourmand du Graal, il ouvre les boites, fait défiler les morceaux piste par piste et dévoile les secrets de fabrication (Ah! "Break on through", sa rythmique piquée à Ray Charles, sa caisse claire pompée à Astrud Gilberto !...), soulève la peau dorée des chansons pour en dévoiler les muscles rock, blues, jazz, bossa-nova... un parti-pris alors très innovant, et que voulait Morrison (que l'on découvre fasciné par les crooners).

Un voyage dans le temps qui ne s'adresse qu'aux fans de l'album, qui enfonce un coin de plus dans le "mythe des Doors groupe magique" en donnant à voir et comprendre ce que le talent et le génie (de Morrison et des personnes clés du studio) furent capables d'inventer, cet Ovni parfait que fut le premier album des Doors, ce tout homogène de chansons toutes séduisantes et charmeuses, cette atmosphère douce à laquelle il était impossible de résister.

L'oeil pétillant de malice de Bruce Botnick tout au long de l'entretien en dit long sur le bon tour qu'il nous a joué ces jours-là de 1967.


DOORS Break on through (Clip Warner 1967)