Pour fêter les 40 ans de "L.A.
woman" on nous sert les petits plats dans les grands. D'un côté
Rhino, avec un double album Deluxe dégueulant de prises
"alternatives" (nom savant pour les morceaux
mis à la poubelle lors des enregistrements) et de l'autre -
infiniment plus intéressant - Eagle, qui renouvelle avec le dernier
album des Doors l'expérience déjà faite avec le premier de réunir
les trois Doors restants et surtout "the man behind the
machine", l'ingénieur du son sorcier Bruce Botnick ("Dis-nous tout Bruce !"), pour nous raconter les
tenants et les aboutissants, les trucs et les ruses, les inspirations,
bref, comment ils se sont démerdés en cuisine pour mijoter la
merveille.
Car depuis 40 ans on en a lu, entendu, vu, des
articles, des reportages, des interviews sur les Doors, et il devient difficile
d'être surpris, étonné. Or ici, à la vision de ce making off,
déroulé morceau par morceau, on apprend non seulement une infinité de
choses, mais on est téléportés en studio, immergés dans un troublant "passé au présent", assis devant la
console à écouter et regarder Botnick jongler avec les
masters originaux, mixer à la demande chaque morceau, les remixer "comme si" ou isoler un
Manzarek filou piquant une ligne de piano à Blood, Sweat & Tears, Jerry Sheff tenter d'imiter la ligne de basse "infaisable!" du
piano électrique....
Et puis, qui aurait imaginé que par goût du gag les Doors décideraient un matin de s'attaquer à
l'hymne country blanc de Vaughn Monroe "Ghost riders in the sky", pour en
déconstruire le tempo, dénaturer le son, le reconstruire, séquence
par séquence, instrument par instrument, jazzifier le thème pour à
l'arrivée faire descendre du ciel les cavaliers et les enfoncer dans l'orage... Robbie Krieger avait déjà raconté cette histoire, Botnick la reconstruit sous nos yeux.
Instructif, fascinant, addictif... ce documentaire
est indispensable à tout amoureux des Doors, surtout si (comme nous)
l'on s'imaginait tout connaître de son groupe culte.