L.A. woman - 50th Anniversary Deluxe Edition

The Doors

par Francois Branchon le 25/12/2021

Note: 10.0     

Dernier album officiel des Doors avec Jim Morrison, "L.A. woman" fut à double titre un accident de l'Histoire, sur son moment (imprévu) et son comment (tout aussi imprévu).

Interdits de salles à travers tous les États-Unis à la suite de l'affaire de Miami, les Doors doivent abandonner la grande tournée américaine de promotion de l'album "Morrison hotel". Que faire donc sinon se retrouver en studio et enregistrer. Toujours pourvus en nouvelles chansons de Morrison et Krieger, ils en jouent quelques unes à Paul Rothchild, leur producteur habituel (le "5ème" Doors) dans son studio chez Elektra. "A chier" dira-t-il, "Une musique de bar à cocktail"... Rothchild se casse de son côté, les Doors du leur, et se rabattent à la maison, dans leur studio personnel de répétition. Ils embarquent bien évidemment avec eux Bruce Botnick, l'ingénieur du son sorcier de tous les disques précédents et décident de se produire eux-mêmes. Recentrés sur le blues, invitant dans l'histoire, histoire de se sentir à l'aise, le guitariste Marc Benno pour les rythmiques et le bassiste Jerry Sheff (bassiste d'Elvis Presley) pour soulager le pédalier de Manzarek.

Livrés à eux-mêmes, mais chez eux, "libérés" diront-ils, les Doors feront merveille. Aucune trace ici des petites chansons ciselées d'avant, le blues est présent partout, et même les titres apparemment enjoués ("Love her madly") sont plombés d'une tristesse traînante ou d'une caverneuse beauté ("Hyacinth house"). L'album tout entier, relève de climats denses (l'incroyable blues "Cars hiss by my window") où la voix de Morrison se fait lourde de sens ("The changeling", "Riders in the storm", "The WASP (Texas radio & the big beat)", "L.A. woman"). C'est aussi au cours de ces sessions que les trois autres Doors vont réaliser - dernier imprévu - la fin du groupe, avec la décision de Morrison de ne plus faire de musique et de se tirer de cette Amérique de Nixon qu'il exècre - il partira pour Paris avant même la fin du mixage, dès ses voix mises en boite.

"LA woman", album des imprévus devient un testament, et on reconnaitra à Morrison d'y avoir vidé toutes ses tripes, en feu d'artifice final. Un album pétri d'âme et de savoir-faire, qui a apporté aux Doors un immense succès - grand public avec "Love her madly" et critique avec TOUS les autres titres, abrités derrière ses deux monuments "Riders in the storm" et "L.A. woman".

La réédition Rhino qui en célèbre le cinquantenaire est à la hauteur de la chose : un coffret entièrement supervisé par Bruce Botnick comprenant le Lp vinyle avec son mixage stéréo de 1971 remastérisé, le Cd avec le même mixage, et deux Cd bonus fascinants titrés "L.A. woman sessions" : The Doors sont chez eux, dans leur studio et jouent. Des reprises ("Rock me baby", "Baby please don't go", "Mystery train"...), des ébauches, des premières moutures de morceaux définitifs ou parties de futurs morceaux ("Mr Mojo risin'"), ou qui ne verront jamais le jour ("Get out of my life woman"). Sauf aujourd'hui. Un work in progress joyeux et dense.



THE DOORS Get out of my life woman (LA Woman sessions 1971)



THE DOORS Rock me baby (LA woman sessions 1971)



THE DOORS Mr Mojo risin' (LA woman sessions 1971)